vendredi, décembre 17, 2010

Les années décampent

50

Si déjà je devais
par exemple naître,
c'est alors,
lors que la guerre était finie.

Couché dans le berceau
de la reconstruction,
le temps des fins de mois difficiles,
je me tenais tranquille.

D'où sont nées la guerre froide,
une communauté de charbon et d'acier.

Un peu plus pour moi,
sont nés le chou-fleur et les langues,
maternelle et paternelle,
inégales que j'ai mises
à pied d'égalité
dans le creux de lalangue.


60

Qui tenait ma main
pour m'apprendre à marcher,
je ne sais, mais
de mes propres mains et pieds
j'appris à nager et le vélo.

On donnait un nom,
le progrès ça s'appelle, sans crainte,
bien que très souvent
je tombais avec mon premier vélo.

On avait déménagé
à la ville morte.

Sans crainte, je ne voulais
pas de cette ville,
voulais la quitter au plus loin.

J'ai failli me grumeler
en romantique, à moitié malade.

jeudi, décembre 16, 2010

Les années décampent




Danser jusqu'à ce que
nous tombions en haut,
descente jusqu'au pied rythmé.

Penser à tâtons
à l'institut supérieur,
ayant un impact au cœur.

Le travail au champ
des livres et des ondes radio,
choc en retour de poésie.

Le début littéraire,
le début d'un amour,
arrêtés après être effondrés.

Le toit goutte
jusqu'à ce que l'homme
le couvre d'une ardoise table rase.

mercredi, décembre 15, 2010

Les années décampent





90
Voici les années Bob et l'Afrique
en perspective. André néantisait
de plus en moins,
à l'encontre de l'agia.

Voici les années du fric,
des reportages à ce sujet,
de mouvements réformateurs
et innovateurs devant aboutir
à la destruction.

C'est pourquoi, plus tard,
l'explosion du système
ne m'a pas fait bondir.

Voici les années d'une autre fille,
portant encore le nom
pas la renommée de princesse.

Chaque rénovation de ces années-là
portait les germes
d'une destruction déchirante.

Celui qui cherchait à consolider,
ne recevait ni consolation ni perspective.

J'avais beau étendre les cercles
à l'extérieur, du coup nombreux
étaient ceux
qui cherchaient à tout exploiter.

dimanche, décembre 12, 2010

Les années décampent




00

Années historiques qui ont pris
des ailes, j'en ai pris pour voler
à Prague, à Nice, à Cadiz.
Et toi, tu en as pris pour venir
de Tripoli droit vers moi.

Nous nous sommes cousus
des ailes charnelles maintenant
et voici que nous terminons l
a décennie en volant ensemble.

Ou regarde nos perruches,
elles ne sifflent pas elles jacassent
et se prennent l'un l'autre
par l'aile, leurs propres ailes.

Sous les ailes métalliques l'herbe
souvent est tondue et voilà
que de temps à autre on y voit
une vipère crever.

mercredi, novembre 24, 2010

Pour ne pas gâcher le plaisir




Les techniques et les routes
que l'on utilise pour passer en fraude
les animaux sauvages,
sont également utilisées
pour passer en fraude
la drogue et les gens.

En route pour s'exprimer, la parole
tire à gauche et à droite,
nous le savons de science sûre.

Une pensée peu rassurante,
d'autant plus qu'elle apporte
griserie et qu'elle enlève la rouille.

La coke à coke ho la,
fiche le camp et hopla.

Les eaux céans murmurent
et couvent une vie profonde.
Les mots béants suffissent-ils
pour couver lalangue?

O les huitres et les moules,
riches en contrebande de perles,
cette drogue des riches.

mardi, novembre 09, 2010

Affaires courantes

Oh, comme il court, regarde-le!
Il devance les affaires courantes,
devenant ainsi le premier,
Premier ministre même.
C’est à peine s’il se dépasse.

D’ailleurs, à quoi bon?

Est-il démissionnaire
ou bien débobine-t-il?

Qu’est-ce ça peut faire?

Nous agitons la main en signe d’adieu.

vendredi, novembre 05, 2010

Tout ce que je donne

Est-ce que je fais croire
tout cela?
Tout cela m'entame-t-il?

La cruche dépassant le vin
le prend à l'intérieur.
Le vin fulmine
contre le buveur

qui fait un renvoi fâché.

Regarde comment la trombe
menace de pas si loin.

Un clin d'œil n'y remédie pas.

dimanche, octobre 31, 2010

Poètes maudits et maudissant

En omettant, à chaque fois
et expressément, notre nom,
tu veux nous maudire.

De main forte nous avons été bannis
des librairies et du commerce du livre.

Vas-y, on s'en fiche.
Les podiums, la toile et même la foire
aux livres nous connaît d'autant plus.

Stupéfaits par contre nous sommes
et remplis de haine à ton adresse
par le titre que tu t'es attribué
et que nous retrouvons
sur ta carte de visite:
conseiller en marketing.

Que le marché s'ouvre sous tes pieds.

mercredi, octobre 13, 2010

Comment sommes-nous possibles!

1. Sommes-nous célèbres, célestes
tombés par notre approche
globale, mondaine,
fort poussée?

Nous reculons rarement
de peur de nous faire enculer.

Nous détectons la contrefaçon,
l'arnaque et la connaissance préalable,
oui, au marché d'actions et d'obligations.

Nous montrons les auteurs
de fraude et de corruption,
emballons tout le saint-frusquin.

Le ciel ne tombe pas loin des astres.

2. Nous nous arrêtons au carrefour
des fausses pistes, elles
s'y croisent et puis continuent.

Nous faussons nos pistes!

De nos pieds, la poussière monte,
tout comme de nos yeux,
de ce que nous ne voyons pas encore
dans la nuit profonde étoilée.

Attends notre réveil!
Ce qui nous restera alors à faire,
ne nous fait ni chaud ni froid,
laissés au milieu du rond point.

3. Si nous avons l'air d'errer,
nous rôdons surtout, de jour au jour,
jusqu'à la nuit, le long
des cours et des jardins.

Un jour, nous rentrons.

Nous y ôtons tout:
vêtements, regrets d'hier,
soucis de demain, le sens
et non sens de l'existant.

Lorsque nous nous sommes imbibés
et avons chanté jusqu'au bout,
plus rien ne s'entend, le silence
nous crie au bout de la nuit.

jeudi, septembre 30, 2010

Richesse de l'homme, quelle fortune!

1. La faculté d'empathie

Tu crois bien me voir,
par exemple assis ici.

Une fois ici,
et puis là,
où toi tu es assis,
et de retour.

Nous nous en sortirons bien.

2. La faculté de se défouler

L'onagre, si sauvage se fait
dépasser,
même le merveilleux cheval de labour se fait
dépasser,

par l'âne degré,
le superlatif de l'onagre,
qui se défoule,
le managre.


3. Endurance

À l'issue, si
je t'aime
et comment je tiens
le coup auprès de toi,

je me trouvais là.

Des flots,
ci et là,
et moi, tout nu
et près du naufrage,
j'allais nager.


4. La faculté de production

Ils ne parlent ni
se taisent, ils sont couchés
et murmurent
dans le vide.

Dans le plein,
pendant un instant,
ils grognent,

sans savoir
qu'ils attendent
à être réveillés
et transformés
en mots parlant,
en phrases chantantes.


5. La faculté d'encaisser

J'aurais dit en parlant:
ronges ton frein avec zèle,
mais je me tus et te regardais péter.

Alors que c'était toi
qui as frappé,
gaité à gauche,
acharnement à droite,
mais je me tus
alors que toi

et moi depuis longtemps
m'étais acharné dans tes soupçons,
lorsque tu as frappé fort
j'ai laissé couler librement
mon poison dans tes veines.

dimanche, septembre 19, 2010

Autoportrait quasi incomplet




1. Suis-je un idiot savant,
va savoir, oui,
j'ai un grade universitaire.

Suis-je dangereux,
voire un danger public?
Allez savoir vous tous!

Je vous touche tous en toussant, non?
Et en écrivant? En déclamant?
Allez savoir vous tous!
Je suis – au fond – un simple virus,
une paramécie qui a pris
la chute en haut.

Le contre-Icare, quoi, en bref,
et Dédale est notre père à tous,
allez savoir vous tous!


2. Notre père à tous à aidé Pasiphaé
à s'accoupler avec un taureau blanc.

Quoi! Et pas un prince blanc,
pardon, charmant assis sur un cheval blanc,
bof, zut, j'ai perdu
le fil et le nord.

À tordre et de travers, il faut attaquer.
Je ne casse rien, c'est vrai,
attends voir un peu.


3. Des coups et des gifles à distribuer
il nous le faut
afin de garder à niveau
notre condition et le pays.

Nous en sommes fort tuméfiés
et satisfaits, on nous l'a imposé,
qu'avez-vous cru?

Que nous, citoyens de Calais,
toute chair n'est pas venaison,
sommes d'une moindre trempe!

Il nous faut couper à fond
dans notre propre chair.

vendredi, septembre 03, 2010

Cult d'image (2) et critique de la poésie

1. Un caméraman? Un homme qui
ne pouvait croire ses yeux,
ni détourner sa tête.

L'évadence? Toute crachée,
le doux vent en tomba
en silence et tout tremblait.

Là-bas, dehors, des spectateurs, habitués
du très précis,
ne voyant rien, ni poil, ni précision,

crient: garde ton cool, le mec,
dans ce pool à grenouilles, le mec,

et crient: appelle un chat un chat,
un con un con

et le metteur en scène crie: cut!

En voilà un qui y ajoute: au fond,
je le trouvais vachement expérimental,
bien que trop.

Les yeux bien rincés,
les mains tremblantes,
on ne fait jamais que trop bon.

2. Le désir fait bouger les montagnes,
il faut le croire
si tu vois
d'où nous sommes venus
pour aller où, tout ça.

Et quelle écriture nous avons
tracée dans la peau l'un de l'autre,
elle porte un nom
pour finir et pour habiter
sous nos épidermes.

jeudi, août 19, 2010

Sans caillou en bouche




1. Je me heurterais de ce qu'il
n'y a pas d'eau dans
la piscine, aux bords.

Tant d'eaux j'avais traversées.
Tant de fois y entré,
je ne sais comment.

Si on s'y transforme,
ou si on ne s'y transforme pas,

elle nous module,
nous fait danser,
avancer aveugles
ou nous fait le coup
du poisson.



2. Il y a les gouttelettes, d'abord,
en dansant elles cassent
de l'eau la surface.

Il y a le vent, ensuite,
qui trouble l'image reflétée
jusqu'à ce qu'elle casse
à ras la surface.

La nuit, enfin, vient
lui enlever ses dernières couleurs.


L'encre noire s'est substituée
à l'encre bleue et on écrit
à voix tempérée,

on y crie à poumons tempérés.


3. C'est devant la mer,
fût-ce l'océan,
que je perds le fil.

J'avais beau plonger.

Je ne tremble pas
de ce qu'il n'y ait pas d'eau.

Au contraire. Au fond,
elle n'écoute personne,
même pas la pluie.

Il pleut depuis toujours,
le poison le sait,
cela lui est égal.

jeudi, août 12, 2010

Bien commercial

Si je baille ou, pis,
soupire, qui me donne alors
un coup de pied par derrière?

Pratiquement tout le monde
sait entre-temps comment
un pet peut être commercialisé.

Surtout s'il est suivi de plus.

Un cuisinier ou un renard,
si futé soit-il,
ne touche pas
au bâillement ni au soupir.

jeudi, juillet 29, 2010

Mais que veut donc le marécage?

Les sables mouvants sont-ils formés,
alors qu'ils sont pleins
d'une végétation touffue, et

qu'une pelletée
n'y trouve plus sa place?

Ou bien,
un jour,
émergeront-ils d'eux-mêmes,
emportés

et se rendant complètement
au fond du canal?

vendredi, juillet 23, 2010

Paysage trop simple

La lumière nous trouve véloces,
l’eau nous permet d’atterrir.

À première vue, le feuillage
se repose et nous leurre.

Comme nous sommes enclins à croire
nos yeux, les yeux fermés.

Il n’y a pas un arbre de trop
qui nous supporte.

samedi, juin 19, 2010

La soif du pouvoir

Il prend un mouchoir de poche
comme une avance,
à l'éternité ou presque.

Quand un hérisson est-il plus
que lui-même, sinon
en position de défense?

Ou le paon dont les plumes
le font plus grand, voilà ce qu'il pense.

Mais il n'a pas de quoi se hérisser,
sauf sa mauvaise humeur.

Et il n'a pas de plume
à se mettre au cul
volée à un autre.

Un jour il a pensé: si j'achète
les coupes que les autres
ont gagnées, je rentrerai gagnant.

En attendant, il tousse
de grandes nues de fumée.

Lui, l'âne qui se ronge la selle
et ensuite le frein.

samedi, juin 12, 2010

La vie en rose

La vie en rose, en tranches
coupées à la boucherie,
on ne la mange pas sans payer.

Quelle salade!

Au four et à mesure
qu’elle brunit,
elle devient pain.

Je la trempe avec toi
dans l’huile d’olives.

vendredi, juin 04, 2010

Oeil pour oeil

Je ferme moins l’oeil
qu’avant, contemple
le monde en face,
me réveille tôt la nuit,

sans sueur, sans sommeil,
ni angoisse, ni goût de miel.

C’est pas immonde.

mercredi, mai 19, 2010

Feuille à oreille cassée

Bonjour la feuille sur la table,
bonjour la table sous la feuille.

Ma plume se prête à amorcer.

Je tiens fort, assis ici,
et je griffonne,

jusqu'à l'amorce du jour.

mercredi, mai 12, 2010

sans titre, même

On a beau prendre
la bête par les cornes,
la tête par la thèse,
le pied pour une prothèse,

fait-elle alors
une belle jambe,
si je ne me trompe?

dimanche, mai 09, 2010

Branchez (suite et fin)

Pour Saskia de Coster

8. Est-ce que je prends une peau
de mouton ou de loup ?
Comme si j’avais le choix.

Comme si j’achetais ma nature.
Quelqu’un me l’impose.

Jusqu’à ce que je bêle
ou commence à hurler
contre la lune par exemple.

Mon bonheur est mince :
je ne suis pas comme eux,
un chien.

Si j’avais le choix, un chat.

mardi, mai 04, 2010

Branchez (suite)

5. Ensuite, qui suis-je,
sinon dans la poche,
le téléphone portable ?

Je perfectionne la télécommunication
et la parole me manque.

Je ne fais que la transmettre.

La vue me manque,
n’empêche que je transmets des images.

J’écoute tout ce qu’on me dit
et puis j’oublie.

Ma mémoire est limitée.


6. Je suis pays, sage
dans tes yeux
et je tremble.

Je suis terre et arbre,
rocher et colline,
terre meuble et dure.

Et je tremble,
que tu m’aimes
ou que tu ne m’aimes pas,

pas sage. Ta scission
aux ciseaux de coupe-cheveux
me fait vomir, cracher.

Je suis pays, pas sage.


7. Duba, dubai, duba, douai,
je cause une vague
entre le golfe persan
et le Nord, pas de Calais,
entre le golfe d’Aden et Calais.

Quand je me couche,
tu soupires invisiblement.

Un fil se tend
entre l’eau et toi.

L’eau tiédit et, enfin,
je te vois,

le pied du rocher,
un grand caillou tout plat.

vendredi, avril 30, 2010

Branchez, dansez

1. Quelle vie, quelle plage.
Je nage. En sortant
de la mer, j’ai failli
trébucher. Quel caillou.

Joli petit qui m’a eu,
tu m’as eu.

Je m’arrête,
tu m’arrêtes et
je te vois bien.

Longtemps après,
je te ramasse et te fais danser
– tu cries – sur les vagues.


2. Quelle vie, quelle plage.
Tu nages. En sortant
de la mer, tu as failli
trébucher.

Sur moi, caillou.
Je t’ai eu,
tu m’as pris.

Tu t’es arrêté,
je t’avais arrêté
et tu m’as bien regardé.

Longtemps. Après,
tu m’as ramassé et m’as fait danser
–j’ai crié – sur les vagues.


3. Je suis une pomme
au cœur du verger
branchée à l’arbre.

Mon arbre.

J’ai beau verdir,
je ne suis pas poire.
Bientôt je rougirai.

Grâce à mon arbre,
tant que j’y reste branchée.


4. Une porte de chambre d’hôtel,
je suis la vôtre,
demain d’un autre.

Je vous éloigne,
pas de quoi vous rapprocher.

Je porte mon numéro,
une fois 512,
une fois 307.

Il ne faut pas compter les moutons,
le loup les a déchirés.

Dansez avec les loups.

dimanche, avril 18, 2010

Le livre que j’aurai voulu écrire moi-même

Il s’agit du roman “Danse, danse, danse” de l’écrivain japonais Haruki Murakami. Le titre original est “Dansu, dansu, dansu”.

Un homme qui réussit tout dans sa profession, creuse sa vie. Dans ses rêves, il entend un appel. Il y répond, enfin. Il lui a fallu beaucoup de temps et de détours. Puis, il y arrive, à l’hôtel Dauphin, où il rencontre l’homme-mouton.
Moi, j’ai rencontré la femme-loup.

Heureux le malheureux qui, un jour, rencontre son esprit.

J’ai connu cette indifférence envers le monde moderne, voire postmoderne. Du moment où ça marche, jusqu’à ce que plus rien ne marche.

vendredi, avril 16, 2010

et encore?

A peine avais-je terminé d’écrire les huit béotitudes, que mon apparition en image fut sollicitée. Par un photographe professionnel et par une photographe amateur.

Faut-il conclure à tout prix? Non, il suffit de sourire.

samedi, avril 03, 2010

Huit béotitudes

Pour Woody Allen

1. À la fin ne reste plus qu’image,
captivée à la télé triste,
captée par la rétine.

La télé à écran tout plat
nous porte le triste message.

Quelqu’un tombe raide mort? Caméra !
Quelqu’un en tue un autre? Caméra !
Monsieur, Madame un tel une telle
connus des média, pète? Micro !

Omniprésente la télé diffuse
partout sa tristesse en voie
d’éternité qui fait rire Léonard.


2. Sous la triste télé prospère
dans son plus grand secret
le Mossad et sous celui-ci,
plus encore au fond, la maffia.

Tant de choses et de gens passent
par la triste télé,
le pape et Osama Bin Laden,
l’un à tiare et au geste,
l’autre à la barbe et au turban et
à chaque coup, tout juste

en retrait de ceux-ci,
on voit ce béo, ce type,
qui sourit et vous jette un clin d’œil.

Mais qui est-ce donc ?

3. Entre les plis de l’entretien,
entre les jointures de lalangue et
entre les clés de voûte de lalanque,
derrière de lourdes tentures enfin,
Léonard Béoti parla et dit :

de Mérode ne compte pas d’un doigt,
ses cheveux n’étant pas roux assez,
de Ligne n’était pas en ligne
des ancêtres ni vieux ni pieux
ni circoncis bien que péteux
ceux d’Orange et de Baarle.

Léon en avait vu tellement,
en retenant si peu,
voire aimant point.


4. Le Béoti rentre

J’ouvre la porte, quelle demeure
si ce n’est la nôtre dont
j’ouvre la porte pour la première fois.

Je n’évite pas la ligne
tracée dans la poussière, quelle callosité,
l’effaçant du coup, du pied.

Quelqu’un ici a vécu
un drame qui sait
hilarant à crever ou
à quitter et à laisser

voire à céder le passage
à cette maison qui, du coup,
est devenue béotique.

5. Quand ça gicle de concert,
nous sommes déconcertés
ou bien concernés, à nous
de choisir.

Quand rien ne gicle
et tout se bouche, nous voilà
déconcertés, sauf si nous

transformons la fureur refoulée
en politiques de masse,
en industrie d’art de masse,
en communication de masse.

La béotitude ne gicle pas,
elle n’est pas évidente.



6. Aux prises entre l’épée et le calice, la fusion
mène à la confusion suprême,
au réchauffement supérieur.

Dans la réduction de l’accélération,
se trouve la démultiplication
vers une couche inférieure
de notre destination à nous tous.

Léonard sait tout cela,
agit en conséquence de sorte
que nous tous perdons moins la face,
en faisant un pas en arrière
en nous trouvant à côté de lui.

À l’abri la prise devient une brise.


7. Expert en fusion nucléaire, lui, Béo,
faisant fusionner ses propres atomes d’abord
avec ceux d’un autre,

jusqu’à ce qu’une image.

Une seule image, lui, Béo ou pas,
apparaît puis disparaît.

Hors image.

Toutes les molécules
n’arrêtent pas
de glisser sur la surface

jusqu’à ce que tous les atomes rêvent.


8. Sept le numéro saint, huit
le suprême.
Tourne-le, le voilà à l’infini
retournant les cercles à l’intérieur,
faisant briller de beauté longtemps
après, à l’intérieur.

À ce point, Léonard ne disparaît
plus, ne se dissolue plus,
libre d’aller
ne fût-ce se coucher,
se fixe
et se lève

vendredi, mars 19, 2010

Les huit béotitudes

Cher lecteur,
pendant un certain temps, dont la durée n’est pas certaine, le présent blog ne donnera plus de suivi, de contenu nouveau.
En effet, depuis quelque temps des mots me hantent, des visions me trouvent, jour et nuit, quelque chose pousse à naître et à se faire écrire : les huit béotitudes.

C’est Léonard Zelig, le grand béo et son attitude ‘bien vu, non connu’.
Il est possible qu’il s’agira d’un cycle de huit poèmes. Il faudrait y retrouver la hiérarchie des temps postmodernes et la place du poète dans ce monde confus d’apparences et d’apparitions, d’appareils et d’appareillages, d’apaches et de panacée.

Un simple message vous tiendra au courant de la fin du cycle et de sa publicité.

En attendant, venez m'écouter et me voir ce dimanche le 21 mars à la VUB à Bruxelles, où je suis l'invité de Bruslam, à partir de 20h.

vendredi, mars 12, 2010

La donne

La donne n’est pas à nous.
On y va. Si on rentrait ?

Si on tentait ne fût-ce que
la chance que l’on nous done.

Belladone

Le conseil parfois de guerre,
une fois de sagesse,
d’autres fois de nuit,
on nous le donne.

Pour quand la paix ?

Pour aujourd’hui, sinon demain.

mercredi, mars 10, 2010

La négritude nouvelle

Il n’y a plus que les noirs qui peuvent s’appeler nègre. Il n’y a que les juifs qui peuvent se moquer d’eux. Si un autre le fait, il risque de se faire traiter, jusqu’en justice, de raciste. Un habitant d'un pays appartenant au tiers monde européen insulte le président du Conseil des Ministres de l'Union d'avoir le charisme d'un torchon, il se voit attribuer une amende.
Voilà où en est le monde et j’en oublie.
Minute!

Pas si vite. Le politiquement correct n’est pas toujours une richesse. Il nous rend pauvres, parfois. Voici donc une plaidoirie pour la restaurtation du nègre, par dissociation.

Si negro est l’espagnol de noir, nous arrivons au coeur – blanc – de l’affaire. Toutefois, c’est ici, au coeur de l’affaire, qu’il faut dissocier.
Si quelqu’un est noir, il n’y peut rien et cela ne devrait pas l’empêcher de devenir quelqu’un. Si néanmoins quelqu’un s’exprime en petit nègre, il ‘est plus forcément noir de peau.

Et voici donc, voilà comment le mot, dissocié de sa racine, espagnole en l’occurence, dissocié de son signifié, devient signifiant d’un autre groupe.
Exemples de petit nègre: je suis faim, bouger, quel sport! Bougre, le sport, etc. Cela suffit pour aujourd’hui.

dimanche, mars 07, 2010

Que pouvez-vous attendre (ici) cette semaine?

Il est peu évident de savoir ce qui se passera à l'avenir, après avoir donné un signe de vie. Par exception, je peux annoncer la publication, ici, mercredi prochain, d'un petit exercice en tieftalien, une simple réponse à la question: mais comment y arrive-t-il?
La négritude nouvelle.
En fin de semaine, je publierai un poème.

vendredi, mars 05, 2010

Donne-nous signe de vie

Un premier signe de terre,
que nous traçons au couteau,
que nous remplacerons par une charrue.

On se débrouille avec
tout en envahissant terre et mer.

Voilà qu’un jour nous y sommes,
cela avance de tout côté,
tuant les gens
à gauche et à droite.

C’est une façon de déplacer les frontières.

En avant la musique
et le sifflement des balles
qui tisse la marche,
qui fait qu’ils tombent par terre
jusqu’à y gît l’un puis l’autre,
rouge la terre
divisée en morceaux
qui à présent échappent.

vendredi, février 26, 2010

cloppe salope



Sein Mich, la cloppe,
à quelle sale se rendre?
à quel sein me vouer?

celui de gauche, celui de droite?

Gauloise, va!

Le présent poème date d'il y a une semaine.
Je l'ai lu à la VUB, dimanche passé, au Bruslam.

Peu après, la France a vu:

mercredi, février 17, 2010

Un café bien corsé

Les Corses, si corsés à moitié
français, aiment bien
fumer le cigare et
prendre un bain chaud.

Au bain public exactement
– dehors, ils avaient beau
courir de pied ferme,
ils étaient trempés
de pluie – je les ai rencontrés.

Ils avaient tous deux
un air connu, j’ai failli
les reconnaître du coup,
Napoléon Bonaparte,
Jacques Dutronc.

Bonaparte aimait bien
sa Joséphine,
Dutronc a sa Françoise,
tous deux aiment une Française,
qui les mena jusqu’à Paris.

Mais pas au bain public.
Jacques tout nu
avec une fille
qui le nettoie
et sans doute l’excite.

Des millions de Chinois et un Corse.

Quelle affaire, pour moi, pour nous.
Même le lièvre ne se dépêche plus
quand il se trouve au bain public.

Le maquis corse le connaît,
le bain public nettement moins.

Quel soupir, dit Jacques. Oui,
c’est moi, quelle aventure
que nous voici
quel soulagement.

Que nous fait-on, dit Napoléon.
De l’air brassé, son Altesse brassée,
qui nous convient
et au chaud nous tient.

Le bain nous ayant fait du bien,
nous avons repris la route,
tous les trois, pour le maquis.

J’avais accepté le cigare.

vendredi, janvier 29, 2010

Mon oncle passe souvent bien que moins souvent ces jours-ci

En cas où la question
fait affaire
de vie ou de mort,
et le cou se gonfle :
trop tard !

En cas où le hoquet fait
grenouiller la tête,
tel un nègre dressé,
trop tard !

En cas où l’égo risque
d’éclater sa peau et
à la limite ne trouve pas de moi,
trop tard !

Le médecin relâche la hache,
c’est le dr. Guillot,
époux de la tante Tine.

vendredi, janvier 22, 2010

Abattoir fermé

1. Un jour ou l’autre il faut
fermer l’abattoir
et qui le fera?

Un poète ou
ton propre sphincter ?

Tu le sais ou ne le sais-tu pas,
qu’avant d’y arriver,
nous devons encore,
pas de pas trop loin,
venir.

Le froid rayonnant permet
par l’haleine se transformant
en vapeur, de nous rendre,
par exemple, visibles.


2. Après la fermeture,
quand l’heure avait sonné,
il a bien fallu
nettoyer l’abattoir.

Peu importe qui le fait,
on y a trouvé des plumes.

Peu importe, personne
ne sait comment
c’est possible, des plumes

à l’abattoir fermé.

On n’a pas rêvé
la viande que nous avons
mangée. Ou oui.

mercredi, janvier 06, 2010

Vie et mort dans un état de providence (suite et fin)

4. Longtemps avant que la vie

Longtemps avant que la vie
ne se verse dans la mort,
la bière se verse dans les gorges.

Dans celle de Marcel,
dans celle d’Herman.
Aussi dans la mienne.

Voilà comment je tombais
sur l’un et puis sur l’autre.

Consolation de l’un,
console de l’autre.

Et jamais les mots ne suffisaient,
il fallait y ajouter des actes
et l’écume, faux col.


5. Les jeunes Turcs

Les jeunes Turcs, nous en aimons
la cigarette et un besoin
d’action illimité, la barrière
de Nadar appartient aux anciens Turcs.

Quand ça traîne,
grouille-toi, prend ton pied.
Marcel le prit, souvent de rire.

Herman n’aimait carrément pas
se grouiller, mais les grenouilles,
sans traîner.

Une fois chez Marcel,
je bus le café,
si souvent chez Herman,
café ou vin, comme tu veux,
prends et bois,
et bois, c’est dimanche.


6. Avant le barrage

Avant le barrage,
après l’intestin,
voilà un drapeau pendu
dans les haubans supérieurs.

Le bateau bat le plein
d’un geste large, chapeau !
et prend le large.

L’arbitre marin de pied plein
observe tout cela, sans larguer.
Oh, mais laisse le donc agiter

– avant le barrage
et que le bateau
ne se perde en naufrage –

d’une main de trop, d’une main trop peu

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