jeudi, mars 29, 2012

Que préférez-vous, une ligne de coke ou une ligne de poésie?

"world poetry movement
Rencontre avec trois membres du nouveau World Poetry Movement, fondé en 2011 lors du festival international de poésie de Medellín. Avec Fernando Rendón (Medellín), Bas Kwakman (Poetry International Rotterdam), Hatto Fischer (poète et philosophe grec), et Philippe Meersman (poète). Animée par Geert van Istendael."

Le mouvement, selon les organisateurs de la rencontre, rassemble des poètes et des festivals de poésie de partout dans le monde en favorisant la collaboration et la solidarité. Il veut créer plus d'intérêt dans la poésie pour le monde actuel et de demain, attisant le débat sur la relation entre la poésie et l'engagement social et politique. La poésie, peut-elle favoriser la paix mondiale? La poésie est-elle politique? Le poète qui défend la bonne cause, est-il bon poète? Etc.

Qui pense Medellin, pense automatiquement coke. Les média dans l'immédiat nous poussent dans ce sens. Le cartel de Medellin est mondialement connu. Il s'agit d'un groupement de grossistes en cocaïne.

Nous, qui sommes de la poésie, nous savons mieux: Medellin organise un festival de poésie.

Si le cartel fait des affaires au niveau global, pourquoi le festival ne serait-il pas international? Et voici que le festival attire de nombreux amateurs et poètes. L'intérêt y est.

Souvent et encore maintenant, les poètes croient qu'ils se substituent aux prédicateurs et aux pasteurs. C'est pourquoi, ce soir-là à Bruxelles, le groupe a commencé par la recherche obligatoire d'une poésie du monde, voire mondial, pardon, engagée. Et pour ne pas que le choc des idées ne bouscule les poètes, tant autour de la table que dans l'auditoire, Geert van Istendael présidait la rencontre. (Ainsi, lorsque Bas Kwakman saluait quelques uns des gens qu'il connaît dans l'audience: ne fait pas le bureaucrate, mec.)

Or, il se fait que ce Kwakman était le seul à ne pas être poète, étant l'organisateur du festival international de la poésie à Rotterdam. Il réduisit la poésie de son pays, plat d'ailleurs, à un nombrilisme étroit. Jusqu'au moment Pim pouf paf. Ce coup de grâce a cassé le cordon ombilical des poètes et a fait entrer le monde dans la poésie des Pays-Bas. D'ailleurs, on n' y voit pas encore de poète au même niveau que Lucebert, bien que Martijn Benders y travaille, bien qu'à Istanbul.

Il était inévitable et donc on le citait: Gerrit Komrij, "Tout poème politique est mauvais, tout poème est politique". Et Geert van Istendael, riche d'une expérience d'années en tant que membre, voire président de jury de prix de poésie, d'y ajouter: "à condition que le poème soit bon", évidemment.

Ensuite, les éléments constituant la rencontre trouvaient spontanément des exemples de poèmes sans signification politique, ni implicite ni explicite, qui, un jour, d'un coup, se sont vu attribuer une signification politique.

Le débat vivait ainsi une ouverture et l'audience reprit haleine.
Moi-même, j'écris jamais ou rarement des poèmes critiques du Système. Je préfère la prose, écrite pour le podium, comme 'ik ben van Luxembourg' ou encore 'comment Théo van Gogh aurait dû faire pour qu'il ne soit pas assasiné'.

L'homme de Medellin Fernando Rendón ne parlait pas un mot autre qu'espagnol, assisté d'une interprète. Je citais Enzensberger en Néerlandais et Geert traduisait en Anglais.

Enzensberger: nous avons appris à écrire parce que l'industrie n'existe pas sans documents écrits (patentes, manuels, publicité, etc.) Or, l'industrie étant exportée aux pays moins chers, il ne nous reste plus que de consommer (le mot me fait vomir). Il suffit donc que nous puissions lire, de préférence des textes unidimensionnels et univoques.

Et voilà que dans l'audience, on faisait remarquer que l'être humain veut plus et que souvent, la poésie offre cette plus-value.

Je croyais qu'en rentrant, j'aurai une idée d'une tâche éventuelle dans le cadre de ce mouvement. Il s'est avéré se limiter aux organisateurs de festivals, souvent eux-mêmes des poètes.

dimanche, mars 25, 2012

Inéloignable

Je viens de gagner une troisième fois le prix du dimanche de pomgedichten.nl, un site aux Pays-Bas dédié uniquement aux poètes et à la poèsie. Le thème était: y a-t-il du sublime et spirituel en vous qui se marie avec le banal? J'ai traduit le poème gagnant que voici:

Te voici sans tapis végétal au cul,
sans bouder
sans Pontoise
en arrière-pensée ou en derrière.

Qui sera vite rempli,
avant même que le feu ne te cautérise
ou ma langue ne te visse.

Plus nous nous approchons,
plus nous nous éloignons
l’un dans l’autre jusqu’à la poussière de nos rêves.

Ayant tout laissé tomber et pénétrant

dimanche, mars 18, 2012

La sagesse rejette plus qu'elle-même

1. Lorsqu'ensuite je parcourais la toundra,
en voiture ou à pied, sans dormir,
la guerre du divan se déchaîna pleinement.

D'autres disaient
qu'il y avait une guerre au divan.

La sophia était perdue.

2. La plaine sibérienne
est-elle haute ou basse?

Elle est assez loin
du Pakistan
et libre de taliban.

Et plein de gaz et de pétrole.


3. Ici l'œil jamais n'arrive
à voir la limite.

L'oreille tout au plus
renifle la tourbe moulue d'antan.

Mais qui donc s'en tracasse
si même gazprom ne.

lundi, mars 05, 2012

Dans la lumière humanisante

1. Sont-ce des doigts ou des orteils
qui m'évitent?

Momentanément, nous marchons
sur les bouts.

J'espère qu'en main tenant
tout finit bien et que le pied marche.

Voilà, nous insistons
à ce que l'eau quand elle inonde
le rivage, elle nous aussi.



2. Mes mains à l'appui
font quatre pattes.
Je grogne. Que suis-je?

Au bas de ton dos
j'ai d'abord tracé
un dessin quel con
que je fais.

Me demanderais-tu
d'agiter une main
contre l'oubli?

Avant de prendre notre pied?
Ou après?


3. Qui fait tourner la chienne giratoire,
qui lui frotte le cou-de-pied?

Tout comme qui me caresse
la tête,
voire les couilles?

Toi donc. Moi donc.

Les brûlures sous-épidermiques
nous les léchons en sous-main.

Celui qui reprend du poil de la bête,
grogne doucement, saute.

Nous clignons des yeux contre le gris,
les nues ou les menus.



4. Pourrions-nous d'ailleurs savoir
plus que l'output d'une étreinte,
si entre-temps l'input
s'est transformé?

Certes, nous sommes parfois
en forme sous laquelle il nous arrive
de nous reconnaître.

Comment pouvons-nous?

Si même nos poumons
se sont accordés
à nos respirations respectives?

Nous avons beau nous retourner,
le chemin que nous avons parcouru
se trouve enveloppé d'un brouillard
qui nourrit notre mémoire.

Aujourd'hui, fort heureusement, le soleil brille.


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