jeudi, décembre 31, 2009

Vie et mort dans un état de providence



1. Vie

Le secret le plus profond – sans
se dénoncer, sans sourciller –
qui se livre lui-même,

la dose.

La passion pour remédier
à la mélan cholérie. La sincérité
érectile met en danger la râle
qui régit les cavernes

et des grains de sable à ramasser
dans un sachet et à édifier
contre le degré d’acidité accru.

La peau et la chemise se séparent pour finir.

2. Mort

On en avait pas mal de produits
régionaux du proche Far West :

machines agricoles, Marcel
van Maele, vélomoteurs, Herman
J. Claeys et qu’on ne l’oublie pas,
Serge Largot.

Ils nous ont précédés,
puis sont décédés.

Surtout la faillite de Flandria,
vélomoteurs, et le cancer
de Marcel et d’Herman et

où en serait-il,
Largot ?


3. Vie et mort

Cherchez alors, cherchez la femme
qui supporte vie et mort
de nombre d’hommes.

Bonheur pour celui qui la trouve,
demande-le à Largot,

qui, toutefois, a pris
une avance sur l’éternité
en disparaissant
de vue,

toutefois pas sans femme.

jeudi, décembre 24, 2009

Le temps est venu de clôturer l’année et nos livres

L’année est pratiquement passée, devient un passé, un peu étrange à l’étranger et dans notre propre pays. Mon père, décédé. Simon Vinkenoog, le grand poète hollandais, mort aussi. Un frère ou deux ont eu une attaque. Le système financier global est tombé de sa nue et quelle crise ! Quelle crise ?

Non, pas question de crise, une époque s’est terminée, celle non des vaches folles mais des vaches grasses. Reviendront-elles et faut-il qu’elles reviennent ? Et avec elles, ces banquiers qui poussent leur clients à devenir cupides. Je préfère qu’ils les poussent à la débauche, franchement.

Je m’en rends compte, je n’y ai pas assez consacré mes poèmes. Je ferai mieux.

Toutefois, cette année a vu, à deux coups, la percée d’un jeune écrivain, Nicolas Ancion. J’ai eu le bonheur et l’honneur de traduire ses playmobiles et de trouver une maison d’édition à cet effet, de sorte que son propre oncle puisse enfin le lire. L’autre coup était l’homme qui valait 35 milliards et qui valait une vente superbe : première édition épuisée après une semaine !

Saviez-vous que tous, je dis tous les livres d’un autre belge gagnant, Jean-Philippe Toussaint ont été traduits en néerlandais ? Allez voir sur son site.

J’ai eu une terrible maladie non identifiée, la guigelton, sous forme de recueil de poèmes écrits par le poète Hollando-Amsterdamais Pom Wolff (dont certains poèmes se trouvent sur ce blog en traduction, évidemment). Me voilà enfin encore à Amsterdam, en compagnie de mon beau-frère.

J’aurais voulu y retourner pour les obsèques de Simon mais j’étais trop loin, dans mon pays de vacances.

Et un autre mort, inattendu celui-là, Cyriel Vergauwen, de Sint-Niklaas, organisateur de la Nuit des poètes fâchés (Nacht van de Boze Dichters) à laquelle j’ai participé depuis des années.

C’est tout. Quoi, est-ce tout ? Rien de plus ? Qui sait.

vendredi, décembre 04, 2009

Ma rencontre avec Rimbaud



D’emblée, dès la fin de l’été,
les saisons ont commencé
de s’enfiler, descendant,
descendant, attrapant.

C’était avant de me donner
à la ville, à la veille
d’un abandon plus profond.

Je ne voyais la ville qu’embuée,
perdant ô des fois mes lunettes.

Je devais apprendre l’art
de faufiler entre les démons,
sans jamais rencontrer Rimbaud.


L’emblème ne comptait plus,
j’ai failli tomber, à plusieurs reprises,
dans l’indéchiffrable.

On finissait toujours au même restaurant,

par les mêmes stratégies,
nous enfermant dans des théorèmes
vulgarisant sans divulguer
les tristes pratiques tropiques

d’à peu près tous les jours.

Je pris en silence, fût-ce tendu,
refuge pour compter
les moments, voire les instants
où Rimbaud serait enfin venu
s’asseoir. Et je marchais.


Le blé était constamment coupé
à ras le sol et trop peu semé.

Sans qu’une aide humanitaire n’intervînt,
on mangeait à notre faim
sans jamais rompre le métro boulot dodo.

Les oiseaux chantaient sans nous,
sans se soucier de nous,
tandis que les sorcières

Les moineaux par exemple,
nous quittaient avant la fin
de nos saisons en enfer,
sans attendre l’arrivée de Rimbaud



Souvent une voix disait,
que j’entendais sans écouter,
que tôt ou tard je finirais
par sombrer dans la folie

d’Élisa ou d’elle.

Au port voyant les bateaux
et les bords, je changeais son cap.

Elle a fini par s’éclipser.




J’arrivais enfin, un autre jour, au port.
Incroyable, j’avais les mains libres,
ayant fixé le regard en face,
me perçant et murmurant

ce que je venais d’écrire.

Ou de voir en rêve.

Je ne savais pas si c’était
l’été ou l’hiver mais qu’un bateau
nous ramena un Rimbaud
prêt à mourir.



Sans doute un jour nous serons assis
tels des semi-colosses, quant à moi
au volant, les yeux mi-clos,
regardant dans le vide, en avant.

Pour regarder en arrière, il suffit
de regarder droit dans le rétroviseur.

Ce qui, un jour, était à venir, ci-gît
en morceaux, dont il y en a pas mal,
plus aucune main ne les ramasse.

En lambeaux et en débris,
éternisés en des moments d’horreur.

Rimbaud bientôt feu sera bien
enregistré à titre de visiteur
de son enfer.

dimanche, novembre 22, 2009

Volens nolens



pour Juliette Binoche

1. Comme quand tu l’exprimes,
il est impossible que tu l’imprimes,
autrement qu’en silence.

Comme quand tu voudrais bien,
que tu le souhaites,
sans jamais y arriver.

Jusqu’à ce qu’enfin tu te tais,
le délire t’emporte
et tout savoir s’enfuit.

2. L’avons-nous nommé,
ou plutôt déguisé
ou encore sous la barbe ?

Celui qui veut créer la bagarre
se laisse pousser la barbe
à poils trop fins

et puis : en route, barrez-vous.


3. Regarde comment elle se baisse,
se pliant les genoux,
pour cueillir la fleur,

eh bien, il y a des mots pour ça,
c’est pour ça qu’ils sont là.

Mais que la fleur en un clin d’œil
se dévoile et puis

explose dans sa figure

dimanche, novembre 15, 2009

Baff



Hier, une fois de plus, nous avons eu l'occasion d'assister à une lecture du maxi poème 'le naufragé' de Benno Barnard, entouré d'une musique de Henny Vrinten, porté par la voix de l'acteur Tom van Bauwel, dans un semi-palais qui dorénavant s'appelle Baff

Vas-y, donne leur une maison, éventuellement
un semi-palais, et encore il y en aura
qui l’abandonnent à ce que le bâtiment
se ruine, suivi d’étonnement et de révolution

des individus, se réunissant
à se pluraliser.

Voici donc la maison sauvée,
au sud d’Antwerpen,

où une Charlotte Rampling junior
passe et s’asseoit à sa place,
où est domicilié le baff.

Vous vous demandez
ce que c’est, vous aussi?

Boff. Une paire de naufragés
nous y demandaient de leur prêter
une oreille ou deux.

Ils y faisaient glisser des vers
empoissonant tout doucement,
faisaient éclater le tout
en pleine figure, la nôtre
afin qu’ils sortent par nos mêmes
oreilles, baff.

lundi, novembre 09, 2009

Que c'est zelig



Dans la profondeur de lalangue, une nouvelle activité est née. L’administrateur du présent blog a le plaisir d’annoncer le lancement d’un cours en entrainement médiatique. En effet, vous ne payez pas d’honoraires, seulement les frais de séjour et de déplacement pour apprendre à être vu sans être connu. À la télé, bien sûr.

Les références, vous dites ? eh bien, tout le monde a vu marc tiefenthal au programme de la BRT Echo (le danseur dans le trio),
au journal télévisé dans les années 1980, chez le premier ministre, un verre de champagne en main,
dans le film diffusé sur Arte, Trouble in paradise, dans le rôle d’un journaliste critique à un moment critique
et puis à la chaîne Kanaal 2, pris d’un fou rire par une caméra cachée lors d’un podium libre de poésie.
Si votre ambition est de rester heureux sans trop vivre caché, vous pouvez vous inscrire: adressez vous à marc.tiefenthal@gmail.com

samedi, novembre 07, 2009

Tourbillon

Si ce n’est qu’en soie, le fil
se porte le long du corps,
pour infiltrer, spirale,
l’espace.

Avec le temps, il se durcit.

Il a besoin d’un peigne,
chaque matin,
et d’un peintre,
après-midi

pour exercer sa souplesse.

Si l’on perd le fil,
on tourbillonne en rond.

vendredi, octobre 30, 2009

Menu chanson royal souterrain



1. Après avoir appliqué, pendant de longues années,
une réaction écrite, une opposition résistante,
nous avons réussi à casser
les chaînes, à casser les formes.

Pratiquement tout de suite nous avons été
traités d'hérétique et par des antipapes
repris dans des anthologies apocryphes
du labyrinthe jusqu’au temps qui passe.

Nous ne comptions pas.


2. Notre sourire ne fait pas naufrage,
même lorsque de tout notre corps
le feu nous prend pour un fou, non.

Ne voyons-nous pas s’approcher la lumière ?

Ce sont de sombres pouvoirs
qui de nuit nous violent.

Pratiquement chaque matin chaque,
nous nous levons en sifflant.

mardi, octobre 20, 2009

Concours de beauté



J’ai beau écrire, tantôt dire
j’ahurie, je n’ahurie pas.
Pas encore.
Pas du tout.

Le comble est d’être banane,
sur fond de paroi verte,
prise entre deux prunes.

Est-ce ahurissant ?

Faut-il ajouter un lit de salade verte ?
Cela ferait tout un plat.

Je me tais en mangeant.
Tais-toi donc et mange-moi.

dimanche, octobre 11, 2009

De ce qui lentement se dénude



1. Je me souviens bien
et que savais-je
qu’il fallait alors manger
des baguettes.

Moi-même je mangeais
à la main des morceaux gras.
Il ne me fallait pas des masses.


2. Au lieu de fouetter
le chat, nous l’avons enlevé,
courant de par et par les rues
montant descendant.

Cela valait la peine,
nous portions la barbe,
ayant à peine un foyer.

Nous en sommes revenus, plus tard,
n’en revenant pas
sinon en beauté,
désarçonnés.

3. De l’aréole jusqu’à la porte
du temple,
qu’aimons nous,
comment nous tenons le coup.

Ou du dos à en faire la croupe,
zone sans péché,
zone sans danger.

Pas un poil à en avoir honte.

samedi, septembre 26, 2009

Avant de s’éteindre




Il est vrai qu’il se porte bien
loin, il a beau, il comporte
une contrepartie.

Le feu au phare !
pénétrant sa contrepartie
la nuit.

Et quelle tour qui le porte !?
se perdra-t-elle en se couchant, pénétrant
au-delà de la porte du temple ?

Avant de se coucher pour ne plus se lever,
le phare enfin rentre chez lui, aux ténèbres,
qui l’entendent marmonner : plus de lumière !

jeudi, septembre 24, 2009

Régime



Une tasse de café, ma tête coupée,
si elle ne contient pas la sagesse.

Pas question de me consoler ni de senseo,
il me faut une tasse d’espresso.

Et un fourneau de pipe rempli de tabac.


et le poète pom wolff avait écrit auparavant:


un café oui je veux bien


le senséo
est de tout le monde
tout comme la vérité

qui met des tranches en plaques
aux endroits
que je préfère

tranches aux endroits
où je préfère
mettre les plaques

vendredi, septembre 11, 2009

La fin du fils Rousseau




Chaque jour je longe et frôle
le bois sauvage, c’est à Bruxelles.
Les arbres et arbustes écrasés
poussent à peine sous le poids
de Gudule et Michel, édifice église.

Plus personne ne s’attend à ce que
Caïn tue encore son frère au bois sauvage,
Wouter y étant tué.

Voilà qu’à peine guérissent les griffes
que le premier apporte encore au deuxième.

Et qu’il est fier au bois, le sauvage,
quel onagre que ce Caïn.

mercredi, septembre 02, 2009

en voilà encore un

et oui, en voilà encore un du poète néerlandais Pom Wolff:


et puis le café qui ne se laisse pas oublier
ce même café qui devenait magnifique
durant la semaine de plus en plus belle
que nous avons passée ensemble
et toi des roses

peu après une fille à côté de moi
sifflait vers cohen
je goûte encore la soupe du premier soir
me disais bain, eau, en semant des pétales

dimanche, août 30, 2009

(extrait) d’une vie en tant qu’arbre


Me voici! Si seul la nuit
bien qu’entouré de centaines,
me voici!

Il est midi, les voilà,
des dizaines à courir.

Je me demande qui, aujourd’hui,
ayant parcouru le parc
au moins deux fois,
halètant, suant, homme
ou femme,
s’arrêtera

pour m’embrasser.

dimanche, août 16, 2009

Menu chanson de village

Reynaert, il était pure par nature et courageux,
d’un grand courage, portant un petit chapeau.

Il allait bien, bien merci, en épousant
Cathérine, épouse pure.

Allant d’une ville à l’autre,
il se retirait le soir venu, près d’elle.

Un autre, toutefois, pécuniaire plutôt et moins pure,
s’est vu évoluer courreur de jupons.

Les jupes ne cédaient pas toujours,
la glace ne rompant pas tout de suite,
le vent dirigeait le jeu,
enlevant son chapeau et le voilà
qui courrait après son chapeau.

Dans un village il arriva,
le vent froid de l’est l’avait amené,
où il retrouva son chapeau
qui devait aller avec sa tête.

Il y était acclamé et depuis,
y demeure tout petit.

samedi, août 08, 2009

L’explaitation de l’eau par l’homme ne connaît guère de limite

Au début était la flaque,
située au jardin urbain,
que la pluie remplissait
de temps en temps.

La flaque se trouvait près
de l’homme.

L’homme, féminin ou masculin,
peu importe, à force de contempler
chaque jour la flaque, sa flaque,
un jour y vit un vivier,
un autre jour, un lac,
bientôt la région des grands lacs.

La nuit, l’homme finit
par creuser un canal
et but une canette de bière
suisse.

jeudi, juillet 02, 2009

simple chant de montagne

Le sentier se balance
contre sa montagne. Doucement
quelques arbres
de nombreux arbustes
vibrent.

Nous sommes venus ceuillir
l'herbe et les étoiles la nuit.

Après coup, nous redescendons
et quelques arbres
et de nombreux arbuster
soupirent.

mercredi, juin 10, 2009

Comment nous avons gagné notre élection

1. État, point d’âme je ne vous
associe si ce n’est qu’un pays
ou deux. Ni plus, ni moins.

Et quelle poitrine !

Sans bravoure, sans courage et
sans se laisser pendre,
divisée en deux de façon
délirante et dilettante,
par manque d’os.

C’est pourquoi nous n’irons pas
plus loin ici.


2. Nous n’avons pas crié, notre victoire
venant toute seule.
La révolte d’abord, l’insurrection
subsaharienne et sous-prolétarienne.

Plus moyen de prépondérer par la voix,
nous suffisions d’haleter.

Nous étions couchés de telle
sorte que le sable et le peuple
passaient comme le vent.

Combien de temps nous…

vendredi, mai 29, 2009

L’inceste des palmiers

L’inceste des palmiers s’est ancré,
nous sommes loin du paradis,
n’est-ce pas, dans leurs racines.

Quelle datte!
Quelle ombre ne nous reste-t-il ?

Car la pluie tombera, nourrissant
la tendance des palmiers.

Ils n’ont plus besoin d’abeilles.
Quel miel!

Ils signent entre terre et ciel
une œuvre d’art créant
leur propre musée.

mercredi, mai 13, 2009

ABL



Il n’est plus évident,
notre but commun lucratif.
D’ailleurs, laisse tomber.
On nous laisse tomber.

Parmi nous, ceux
qui du coup
se transforment
en bombe à boîte
automatique.

N’ayez crainte, ils sont
parmi nous, délaissés.

Il était pourtant évident,
notre but commun lucratif.

jeudi, mai 07, 2009

Nouvelle culture politique et culinaire

Il y a lieu parfois de critiquer les rédacteurs en chef et nous le faisons du coup : ils se font distraire, voire dévier, tout en nous déviant, par les personnes qui prennent la parole en public afin d'obtenir des avantages personnels, politiques et qui, à cet effet, sautent sur les tables. Ils envoient leurs rédacteurs à des conférences de presse où ils apprennent qu’un tel emmerdeur local, qui a tout d’un nain, est arrivé à emmerder le supralocal, souvent la rue de la Loi mais qu’il le regrette, ayant agi trop vite inspiré par la rancune. N’importe quoi.

La table en question, il y a de moins en moins de monde qui s’attable que du monde qui la grimpe. Didier sans problème Reynders, Yves pas mal de problèmes Leterme, etc. Heureusement, de temps en temps il y les faits durs de la vie, telle la grippe mexicaine ou un isolé marginalisé qui perd les pédales et fonce sur la famille royale aux Pays-Bas et se trompe entre les membres vivants et un membre érigé en statue de la même famille.

Toutefois, cette vision rétrécie des rédactions en chef écartent d’autres faits, les marginalisant et les destinant aux rubriques marginales.

Il était une fois, toutefois, une conférence mixte et interdisciplinaire, qui se réunissait à huis clos et aux Alpes non maritimes mais Suisses. Elle a eu lieu un lundi gras dont on a demandé de bien vouloir garder le secret quant à la date précise, tout comme le lieu exacte, d’ailleurs.

Elle était organisée à la demande des médecins de famille sans frontières, qui en moins de six mois, ont connu une augmentation spectaculaire du nombre de patients ayant des problèmes au niveau du derrière, de sorte qu’ils ont sonné l’alarme.

Tout d’abord, la conférence a été amenée à constater que la plupart des patients étaient masculins, porteurs de complets à trois pièces.

Ensuite, l’attention a été attirée par la présence de Michel Vandenbossche, le leader de Gaia et le chef de file des droits des animaux.

Ensuite, il y avait lieu de constater que dans l’assistance, se trouvaient un tas d’anciens dirigeants de l’industrie des services financiers, redevenue le secteur des banques et des assurances.


Les médecins de famille ayant circonscrit le problème sans constater le diagnostic, un vétérinaire a pris la parole et l’image pour présenter la vie et les actes de l’autruche. Ce drôle d’oiseau, plus connu dans notre assiette qu’en tant que Gonzales, Speedy bien sûr, se fait surtout appliquer. Certes, il y a un ou deux sportifs qui en mangent l’œuf, toujours en équipe. Bref, la pause s’annonçait bel et bien, café et cloppe, et donc tous dehors.

Le deuxième volet avant-midi était fort pris par un conférencier invité spécial, qu’on avait fait venir de la Belgique par un hélicoptère Agusta 4 personnes, bien qu’il n’y eut que le pilote et lui à remplir l’engin. Fort connu, ce conférencier, par sa large expérience et ses diverses apparitions aux fora local, supra local, à savoir la Belgique fédérale, la Vilvoorde locale et l’Union européenne, où il avait eu un poste non pour se remplir les poches mais pour y mettre son poids.

Les participants à la conférence ne pouvaient pas rater son entrée sur scène, qu’il a réellement escaladée, de sorte que la transpiration, plus que l’animal, coulait librement. Il s’asseyait et devint l’objet de questions que lui posaient deux experts par leur connaissance. Ainsi, tout le monde a appris que faire l'autruche ou appliquer la politique de l'autruche implique le danger de se faire baiser par le derrière sans même voir son propre violateur, voire le voir prendre son pied.

« Mais moi, ils ne m’ont pas eu. Je suis surtout intervenu en tant que plombier sur la scène politique. D’ailleurs, au niveau des yeux, je souffre d’une allergie par rapport au sable », pour citer, non sans corrections, le conférencier invité spécial. « Je n’interviens que lorsque le problème se pose pour suggérer des solutions. S’il faut attendre deux ou trois jours, ou plutôt nuits, pour qu’ils comprennent, j’attends et puis je fais exécuter intégralement ».

Mais alors, demandaient les experts, qui n’avait pas froid aux yeux, comment vous avez été pris lors de la crise de la danse des canards ou plutôt des poules, lorsqu’il s’agissait justement de se débarrasser de vous par un moyen qui coûtait moins cher qu’un coup d’état ? Sans doute étais-je imbu de moi-même, devait-il reconnaître. Voilà justement comment cet homme venu de loin, de Bruges d’abord et puis de Vilvoorde, est devenu si populaire : son franc parler. En tout cas, on lui avait donné beaucoup d’espace et de temps de parler, qu’il était temps d’aller manger. Du steak d’autruche, bien sûr.

Après le déjeuner, la session était réservée aux experts par expérience et devenu patients, essentiellement des anciens dirigeants de l’industrie des services financiers précitée et des politiciens socio-chrétiens. Ils ont traité du mal plus bas que le dos, et comment y remédier quand il est trop tard, comment l’éviter en s’assurant, par contrat, un coup de pied au cul en or et comment ils s’apprécient tout crus.

Toutefois, ils devaient admettre que le déjeuner leur avait appris qu’il y a moyen de s’apprécier moins cru, bien cuit, s’enrichissant de la sorte d’un savoir-vivre pour lequel ils avaient tous payé 750 euros à titre de frais de participation.

dimanche, mai 03, 2009

Oscar rameau, taureau

Si nouveau mon neveu,
il vient de naître.
Il ne connaît que dieu,
pas de maître.

Puis il oubliera et
il connaîtra.

Est-ce qu’un jour
il reconnaîtra ?

Car sa mère est vache,
n’ayant pondu son veau
que sous pression.

Refusera-t-elle de donner son lait ?

mardi, avril 21, 2009

Autoportrait bioatomique

Touche pas à mon ADN.

Et pourquoi pas, puisque tout le monde y touche ? Eh bien, parce que je préfère écrire mon propre ADN.

Je suis le produit évolutif d’un singe et d’un serpent. Ou si vous voulez, le cerveau d’un serpent dans un corps déduit du singe.

Je n’irai pas plus loin ici. Je viens de loin, cela suffit.

Ne sousestimez pas mes forces. Elles ont l’air de rien, de protéines, entre autres. Mais si elles branlent et que je me branle, je rentre gagnant d’un Goliath quelconque.

Je m’abstiens volontiers de toute consommation d’uranium, évitant de m’autoexploser sous la moindre émotion.

J’ai l’air froid et heureux, pas du tout dangereux.

Quand toutefois mon regard te tue, je te dis en même temps: ne crains rien, ce n’est que moi.

vendredi, avril 17, 2009

Au royaume


Peut-on avoir l’oeil douillet?
Faut-il? Un chat sans doute
n’aime pas la souris à croquer,
il la croque. Malin plaisir mâle

que de croquer doucement.



Il y a parfois de quoi
se casser la tête,
mais l’oreille? Un lapin
ou un âne porte de grandes oreilles,
le loup non plus. Malin plaisir mâle

que de croquer une oreille doucement.

vendredi, avril 10, 2009

Ma journée avec Osama



Il y a quelques mois, j'ai commencé à écrire une sorte de roman. Un grand récit de 80 pages, suivi par des récits menus, racontés par d'autres personages. En voici un.



Je m’assieds une fois par semaine à la même terrasse, près du parc, à moins d’une demi-heure de chez moi. S’il fait beau et chaud, c’est un vrai plaisir de m’y trouver. Dans les autres cas, c’est un plaisir d’y trouver d’autres que moi.
J’y observe le va et vient au sol et parfois au ciel. Au ciel, le vol des oiseaux attire mon attention particulière, surtout dans les autres cas précités. Ce sont eux alors, les autres que moi.

Certains jours, on voit à peine deux ou trois pigeons. D’autres jours, il y en avait des dizaines. Cela m’intriguait petit à petit. Je remarquais, finalement, des mouvements des pigeons similaires, et chaque fois c’était un dimanche.
Un tel jour, un dimanche donc, je me suis levé tôt pour observer les pigeons et je les voyais sortir en groupe, il y en avait une dizaine. Mes jumelles m’aidaient à identifier, à leurs pattes, des messages.

N’étant plus à l’époque des sabots à mille lieux, au moins c’est ce que je croyais, je pris vite ma voiture et suivis le vol des pigeons. Il m’amena à un lieu éloigné d’une centaine de kilomètres et situé à la côte, près d’un port de bateaux et d’un aéroport et, encore, d’une gare de train importante.

Que du trafic! Mais les pigeons, alors ? Que viennent-ils y faire ? J’arrêtais la voiture, là où je vis les pigeons disparaître. Je m’étonnais fort d’y trouver un petit hôtel digne d’une étoile. Que viennent-ils faire, les pigeons, à l’hôtel ? Heureusement, en face se trouvait une taverne disposant d’une terrasse. Je m’y asseyais. Un café, s’il vous plaît. Sans lait. Merci.

Il était neuf heures et demie le matin, une bonne heure pour boire un café. Vers onze heures, je buvais une deuxième tasse de café, un homme sortit de l’hôtel et vint s’asseoir à la même terrasse. En s’asseyant, un bout de papier tomba de sa poche qu’il ramassa vite. N’empêche que du coin de l’œil, j’avais remarqué une écriture, certes fine, arabe. Le format du papier était ultra petit. Mon attention était fort réveillée, mon œil, du coin, scrutait l’homme.

Il avait un nez en crochet, le teint basané, les yeux pénétrant et un faux sourire en ramassant le papier à une vitesse éclair. Bien que fraîchement rasé, je lui imaginais une barbe et voilà, je savais.

Je restais un bout de temps silencieux, contemplant mon café, puis le buvant d’un trait. Alors, je m’adressais à lui, en chuchotant. « Monsieur, ou encore mieux, sidi, je sais que c’est vous. Non, ne dites rien. »

Ce mot ‘sidi’ l’avait sidéré quelque peu. Je continuais : « Tout comme vous, je ne me soucis guère de l’argent, bien que je sois moins riche que vous. Cela restera entre nous. » Il souriait d’un sourire quelque peu plus plein. Il gardait le silence. Quant à moi, je faisais de même. Puis, je l’invitai à nous promener, ce qu’il accepta. Son cheval, lui manquait-il ? Toujours se faisait-il que son pas nerveux n’était pas celui d’un marin. La montagne logeait dans ses jambes. Il avait quelque mal à marcher dans le sable trop meuble.

« Je comprends, » repris-je, « que l’anonymat est votre seconde nature. Je n’en parlerai plus. Qu’aimez-vous le plus parmi nos plats ? » Content de ma réplique, il parla enfin. « Des moules aux frites, vachement bon plat en vachement halal. »
D’un coup, je compris pourquoi il avait choisi cet endroit dans ce pays, dont la réputation de ses pigeons était mondialement connue. De plus, il avait découvert le plat national par excellence, sans en être dépaysé.

Sa méfiance envers moi n’en diminuait pas. Lui aussi bien que moi avions lu des romans d’espionnage. Et d’autres livres, mais il ne le savait pas. Avait-il lu le philosophe Platon dans le texte, traduit bien sûr, ou par ouï dire ? On n’habite pas une caverne par hasard, tout en s’adressant au monde par le petit écran. Certes, il n’avait lu ni Freud ni Lacan, mais des romans d’espionnage.

Nous nous promenions pendant une heure et finissions dans un restaurant, dont je connaissais le chef de cuisine. J’y invitais le sidi, il accepta.
Nous mangions tous deux des moules aux frites. Si moi je buvais une carafe de vin blanc, mon hôte se contentait, ou devait se contenter, d’une limonade. D’abord, il aurait voulu boire un coca. Quand je lui expliquais qu’il s’agit d’une fausse boisson, d’un sirop de toux raté, avec lequel les Ricains veulent nous rendre malades, il a réfléchi. Je voulais surtout savoir s’il avait ou non collaboré avec le gouvernement du président Bush. Je ne le sais toujours pas. Il a hésité, puis souri, d’un sourire trop grand pour être vrai, pour terminer par la commande d’une limonade non coca.

Il allait de soi qu’un dessert ne pouvait manquer. La glace ‘dame blanche’ lui semblait fort comique mais la description a fini par le convaincre. Je demandais au garçon de nous faire le meilleur des cafés. Et mon hôte a tellement apprécié le café, qu’il en a redemandé un autre.

Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il parle. Et voilà, il a commencé à parler, un français très cassé, il est vrai, mais respectant la grammaire.
« Monsieur, je vous considère, je ne sais pourquoi, comme un pote et tant pis si je me trompe et que malgré tout, vous êtes un espion. Oui, bien sûr, j’ai collaboré avec le gouvernement de monsieur George Bush. Il avait besoin d’un écran fumeur. Mais oui, quelqu’un devrait couvrir ce qu’il avait commandité lui-même. Vous vous demandez s’il m’a bien payé pour ce service. Je ne saurais répondre, bien sûr, secret d’état. Sauf si ma vie est un mérite, sauf si l’assurance que je resterai en vie constitue un salaire. »

C’était au début de sa première tasse de café. Il parlait vite. Je lui posais une simple question : « Avez-vous lu Platon dans le texte, même s’il a été traduit ? » « Monsieur, j’ai tellement lu et puis j’ai oublié, pratiqué, appliqué certaines choses, oui. Platon, vous dites ? Peut-être à l’école. Je ne sais plus. »

À nouveau, il souriait. Il savait, donc. Et moi, je compris pourquoi il se promenait librement dans cette ville côtière. Je reprenais la parole, peut-être la plus douloureuse. « Vous n’aimez pas vraiment votre famille, il me semble. » Il se contentait de me regarder droit dans les yeux et il ne parlait plus.

La fureur dans ses yeux en disait tout.

Hélas, c’était la fin de ma journée avec Osama. Nous quittions la table et chacun continuait son chemin de son côté.

mercredi, avril 01, 2009

Signe

1. Quel chiffre portes-tu de ta figure,
n’est-ce pas? Je ne te prendrais pas
pour autant, une Japonaise,
n’est-ce pas comme le font,
sans doute, d’autres.

Je te prends souvent
à la lettre,
te rendant tel autre chiffre.

a, n, d, g, e d’un trait
peint d’un geste génial
aux lèvres.


2. L’odeur corporelle d’un terroriste
est-elle contraire à celle de l’angoisse?
De l’angoissé.
Ou bien, au contraire, la même?

Le degré zorro dans la parfumerie,
parfait.
Le taux d’emploi dans la dynamite
s’élève.

Le taux total de recherche, va savoir,
scientifique, très chic,
se stabilise. Parfait.

Tu as beau vouloir parfois
disparaître, c’est la fête
quand tu reviens.


3. Une superficie si fictive
qu’elle soit ou non,
aura l’aura quelconque
d’un lac sans poissons.

C’est que la rivière, vaste
grâce aux cailloux
et de deux côtés prise
par des rochers, eh oui,
est morte.

On a grimpé tout le chemin
de bas en haut pour rien,
pour une photo où rien
n’est capté.


4. Me trouvant ni queue ni tête,
vous troublant tel un poisson,
je n’en porte que le nom.

Peut-être la nature.

Non, j’ai la tête cassée
et me cache la queue.

Ici, au recoin, le coin restant
où l’on n’est pas à l’abri
d’une bonne folie,
ici vous vous trouvez.


5. L’inceste des palmiers s’est ancré,
nous sommes loin du paradis,
n’est-ce pas, dans leurs racines.

Quelle datte!
Quelle ombre ne nous reste-t-il ?

Car la pluie tombera, nourrissant
la tendance des palmiers.

Ils n’ont plus besoin d’abeilles.
Quel miel!

Ils signent entre terre et ciel
une œuvre d’art créant
leur propre musée.

Que de touristes!

dimanche, mars 29, 2009

Trinité

Avons-nous rejeté le dé,
dévoré la clé ?

Qui le dira ?

Le coup n’était pas de dé,
l’énigme porte sa propre clé.

Le coup était de sabre,
nous en avons avalé la trace.

Et qui le dira ?

dimanche, mars 22, 2009

Journée mondiale



La tégénaire et la teigne, de pair,
vont bien leur chemin,
niant la grâce du tigre.

Ignorant la date du 21 mars.

Le globe entier fête tant
l’arbre que la poésie.

Le tigre, ce jour, se régale,
habitant l’arbre,
incarnant la poésie.

samedi, mars 14, 2009

Breughel aller et retour




La mort règne fort à présent. Il y a une semaine, deux philosophes belges d'expression néerlandophone sont morts: Patricia De Martelaere (51 ans) et Jaap Kruithof (79 ans). Que faire sinon les intégrer? Dans un cycle de 3 poèmes.

1. Salir un nom, Modrikamen notamment,
il faut le faire et jeter
des billes brillantes vers les ailes
des ânes gestionnaires en chute libre,
vers le haut.

Comme ils planent sur l’air
qu’ils ont brassé.

Tirer et vider son fusil
au jardin d’Eden, il faut le faire.

Tout cela et beaucoup plus.

Mais on ne torture pas la martyre,
qui apparaît à peine.

Elle est tombée
sous les piqûres du crabe.

Fred s’écria ‘plus de lumière !’
et meurt.



2. Viennent ensuite se faire laver
en toute innocence,
Modrikamen, la martyre et Fred.

Chacun à son tour, au suivant.

Jusqu’au moment où, de loin,
on entend de la chute la fin
forcée des superânes.

On se fait martyre pour souffrir,
Modrikamen nous fait rire,
Fred nous fait chanter
et les ânes sont faits
pour s’en servir.



3. Arbre battant le plein,
pleins d’arbres battant le soleil.
Ils tamisent la lumière.

Pour ne pas parler des arbustes,
ils ne sont guère rustres.

Quant aux tambours, ils s’accompagnent
de cuivres, battant une mesure.

Les cuivres brillent, bien sûr,
dans cette lumière tamisée.

Nous chanterons jusqu’au coucher
du soleil.
Plus de lumière !

jeudi, mars 05, 2009

Le roi soleil meurt

Chaque jour, à la fin,
voir le soleil
se plonger dans l’eau de mer,

n’est pas la même vue

que quand un homme,
arrivé au bord de sa mer, doit
voir la marée basse
se prolonger d’année en année.

Jusqu’à ce qu’y règne,
à toute la surface,
une sècheresse,
y disparaisse
la dernière richesse.

C’est alors qu’il glisse
de son trône roulant
et va à la recherche
du soleil perdu.

mercredi, février 25, 2009

Empire d’ombre battu à plein





1. À présent, nous nous reposons
encore, l’oeil à moitié ouvert
levé, avant même
de tailler les crayons
et de nous mettre à la tâche.

À chaque lettre, nous ajoutons
son ombre due,
en nous appliquant
au bruit des sabots grammatical,
au battement des tambours,
à cette touche piano et un brin
déchiré du saxophone.


2. Ensuite, nous pondérons le virage
afin de le prendre ou pas,

jusqu’à ce que tombe
la frontière, affrontant
la dictature qui, à l’instant
encore y règne,

en empire d’ombre
soulevé et imposé
rejeté et refoulé
à fond.

Nous embarquons tulipes
en main, de préférence
des tulipes rouges, par exemple
rouge feu.


3. Nous ne fermerons plus
l’oeil ni ne tolérerons,
assurant le contrôle,

jusqu’à ce que nous
nous asseyions, voire
tombions

et jusque là.

Et voilà, c’est tout
pour aujourd’hui.

À demain, jusqu’à ce que nous

mercredi, février 18, 2009

Erreur




(2)
Pouvoir émerger?
Non: au cou toutefois
de jet de corde
appartient pesant le véhicule,
sur pieds crémeux

et levé.
S’ajoute la venue de voltigement bleu
ciel ou paralysé
ainsi qu’à cet effet l’éternuer.

Déjà depuis que l’œuvre antérieure
vers les cieux
s’est arrêtée, s’est ternie,
extranger pistilé
(déjà nommé auparavant)
et pensable, ailes
de l’âme. Gardiens: horizon
hors portée, encore tendant, aux mains
de velours d’une loi
écrite, swinguante.

Faire valoir la voix,
aux gardiens
imposer l’halètement

Et là-haut, hautement ailant :
interdit, rance, tabou

extrait du recueil "Schaduwwerk" de Bart Vonck
Ce poète belge est également traducteur de poésie, entre autres, de Frederico Garcia Lorca, Guy Vaes

dimanche, février 15, 2009

Au clair de la lune

Le feu au foyer, dans les yeux,
tapis atterri, coussin fourni,

il ne nous faut pas plus
d’espace, grandissant
l’un aux yeux de l’autre,

bondissant puis pénétrant
enfin coulant l’un
aux yeux, aux oreilles,
aux reins, aux pieds,
aux genoux, aux fesses,
aux mains et encore aux pieds

de l’autre pour y exploser
jusqu’aux limites de tout espace.

jeudi, février 12, 2009

Il n’est pas question de régionaliser

Mais de mondialiser, plutôt que de se créer une identité centrée au niveau du village. Quod non.
En effet, la folie de la journée est une tasse de thé que nous passons volontairement à d’autres.

S’agissant de la poésie, les accents sont en effet mondiaux plutôt que villageois. Même si le village Doel nous inspire, nous fait écrire, il ne s’agit pas d’un tel village mais de tous les villages qui soit ont disparu soit ont persisté, tel Ruigoord coincé entre les ports d’Amsterdam et d’Ymuiden.

Nous déplaçons les frontières, même si elles guettent partout.

Ah, je vous vois déjà qui pensez que quelqu’un se perde dans les abîmes de lalangue. Ah, peut-être vaut-il mieux réfléchir deux fois avant de se prononcer.
Tout cela s’est avéré le 11 février à Bruxelles, lors du démarrage de Brussel Slam, dans une petite salle au premier étage du café Monk. Ils étaient venu de Liège, de Gent, de Leuven et de la périphérie de Bruxelles. Nous avons entendu des poèmes en néerlandais, en français, en une langue qui parfois ressemblait à l’anglais. Nous avons même identifié du portugais. Et jeunes tous étaient jeunes si jeunes que ceux qui comptent plus d’années que la moyenne , du coup ont subi une cure de rajeunissement.

Bien que le titre – Brussel Slam – aurait tendance à faire tourner les nez dans le sens d’un concours, eh bien non. Les organisateurs n’ont d’autre ambition que de donner un podium sans micro à deux invités, qui disposent de dix minutes chacun, pour ensuite ouvrir le podium, toujours sans micro, aux poètes venus de tous les vents, leur donnant le droit de parler pendant trois minutes. Une minuterie sonne durement. Après la pause, les invités reviennent pendant encore cinq minutes chacun.

Et il s’est avéré que ça marche, oui, ça marche, yes we can, etc. Et il s’est avéré que la poésie ne se cache pas dans une langue ou dans un dialecte mais se trouve dans lalangue pour s’exprimer en en sortant.

lundi, février 09, 2009

Drôle de cocon

Le ton a beau être
superflu super doux supérieur,
il tient le coup d’oreille sans la casser.

Il a l’air drôle et fait bouger,
entrer dans ma cuisine puis fondre
une boule de neige.

Il fait même arrêter la caravane,
les chiens n’aboyant plus.

Son sillon est fort démodé,
malgré son rythme
éternel et contemporain:

quand je t’entends monter
l’escalier ou encore que je t’y vois,
te poussant parfois
par la fesse à chanter,
c’est vrai et tous les jours

nous savons qu’il y a si peu
que nous savons
nous avons beau
nous nettoyer l’oreille.

jeudi, février 05, 2009

Vlaardingen





Deux hommes ont quitté, un jour, ce lieu situé dans la banlieue de Rotterdam. L’un était mon père, l’autre s’appelle Willem De Kooning. Ce dernier avait simplement envie d’aller voir ailleurs, il s’était caché dans un bateau, est arrivé aux États-Unis et y est devenu un peintre autodidacte.

Mon père, ayant perdu son père pendant la guerre, ne pouvait continuer ses études et voulait justement prendre le bateau. Comme l’autre, oui. Mais le port de Rotterdam ne connaissait aucune activité à la fin de la guerre. Allons voir ailleurs, pensait-il, il y a bien encore d’autres ports. Et il descendait vers le sud, passait la frontière belge, la nuit, ni vu ni connu et essayait à Antwerpen. Mais là, le port ne connaissait aucune activité à la fin de la guerre. Il y a vendu alors des journaux dans la rue, notamment au Meir.

Il vendait tellement bien, qu’il suscitait la curiosité d’un journaliste d’un des deux canards. Et voilà que ce dernier cherchait mon père, le trouvait fort et intéressant, l’a invité à assister à la fondation d’un mouvement ouvrier au Sportpaleis.

C’était le début de son histoire. Quelque temps après, il a rencontré la fille d’un Français, marié à une Belge. Elle est devenue sa femme, ensuite ma mère.
Mon père a réussi une carrière de technicien d’appareils électroménagers, pour ensuite devenir vendeur de ces produits et puis, pour vendre le meilleur de la Belgique : les chocolats. Tout cela en autodidacte.

Il est mort le 25 janvier 2009 à l’âge de 81 ans.

lundi, janvier 26, 2009

Communiqué de service

Pour cause de décès dans la famille de l'auteur, ce blog est interrompu pendant 10 jours.

lundi, janvier 19, 2009

Fausseté en littérature et Michel Rio

Aucun tribunal ne condamne un auteur pour fausseté en littérature. Et pourtant...
Voici ce que j'ai lu dans le Monde des livres de vendredi passé:

Au fond, la littérature m’assomme. Je la soupçonne de stupidité. Seule la création littéraire m’intéresse. La première est pléthorique, la seconde est rare. Encore faut-il prendre la peine de chercher l’une dans l’autre. (…) Au fait, qu’est-ce que cette création littéraire? La fausse, ce sont les trouvailles des pseudo-révolutions formelles, qui reviennent, pour faire bref, à changer la parure de l’indigence . La vraie, c’est l’ambition sans limite de l’élucidation , qui rapproche les arts des sciences dans une enquête infinie, encyclopédique, sur l’être et les choses, et qui se renouvelle et invente de par son principe même. C’est encore le savoir-faire, c’est-à-dire exprimer tout cela avec un lexique, une invention langagière, un art propre de la composition ou syntaxe musicale, ce qui s’appelle l’écriture. C’est enfin le sens de l’action, ou du récit tendu (…). Avec, chaque fois que c’est possible, cette distance de l’humour qui n’est rien d’autre que la forme la plus délectable de la distance critique.

dimanche, janvier 18, 2009

Mode d’emploi

1. Amalgame, Imelda, quelle masse!
Quoi? Quelle vadrouille!

Plus personne ne sait
où aller, sinon, en avant!

Et allons y, fonçons,
et prenons-le, prenons-la,

jusqu’à la fin,

rien dans les mains
ni dans la figure
qui fait refrain.



2. Sœur souris sourit au chat,
tu me manges, je te ronge.

Souris, ma sœur, goûtons
notre sueur, je ne suis point
ton tueur,
bien que la mort suivra,
si petite, si petite.

mercredi, janvier 07, 2009

Criée au mur, la révolution




1. Petits grains à picoter,
petits gains à emporter,
aux fleurs murales
ils font une belle jambe,
bien que grimpante.

Voici enfin écrit aux murs,
le communiqué libératoire:
la population diminue,
son nombre et sa taille.

Le mur affiche une faille.


2. Passant outre, le mur
de par sa faille s’ouvre
sur une grotte.

Il est capital de payer
pour y entrer.

Et une fumée surgit,
parlant, médisant,
médusant sans fin.

Le bois brûlé, pour entrer
au nez sans payer,
pénètre jusqu’aux poumons.

Il a fallu attendre
des jours
pour que la toux se libère.


3. Plus loin d’un pont, à l’italienne
le café est servi, qui adoucit
la toux et fait parler.

De retour au pont,
entrant en payant,
il faut voir, oui, il faut voir
la musique transformée,
une forêt réformée,
des plastiques informées
en couleurs,

pour que le mur se ferme.

4. À rebours, à l’envers le feu
du coup rentrant au pistolet.
Le dos de l’histoire affiche une brèche.

Le futur et le passé s’accouplent,
forniquant le temps.

Une feuille morte, au temps
des cerises, ressuscite
et rejoint son arbre.

lundi, janvier 05, 2009

Dis donc, l’art abstrait, c’est quoi?




J’écoutais un journaliste radio spécialiste des expositions d’arts plastiques dire qu’il n’avait pas les mots pour parler de ce qu’il avait vu.

Il avait vu une expo au Musée Ludwig à Cologne où l’on peut voir des tableaux d’art abstrait de trois périodes du peintre allemand Gerhard Richter.

Ma femme et moi sommes allés voir hier. Et voilà, j’ai vu assez, je ne dois plus courir ailleurs voir par exemple un blême tableau signé Tuimans et à vendre à des prix hors proportion.
Dans une des périodes présentes, le peintre a transformé la musique en couleurs (Bach, John Cage) et, chose remarquable dont ma femme était si étonnée qu’elle s’est assise, la composition du tableau est transparante, chose rare si pas unique dans l’art abstrait lyrique.
La plupart des oeuvres sont des tableaux de grandes dimensions en peinture à l’huile sur toile, comme il faut, quoi. Dans une salle isolée, on voit quelques expérimentations sur verre et à petit format. Moins réussi, voilà pourquoi isolé…. Eh bien, ce pauvre journaliste radio ne trouvait pas les mots… les voici, alors.

Vous voulez aller voir cette expo? Jusqu’au 2 février, au Musée Ludwig à Cologne. La gare est en face du musée, il y a un parking souterrain. L’entrée coûte 9 euros. Le musée dispose d’un restaurant. De plus, Cologne est belle comme une ville de l’Italie du nord. Nous avons même bu un café italien. Certaines des informations présentées ici ne se trouvent pas au site web du musée!

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