jeudi, décembre 31, 2009

Vie et mort dans un état de providence



1. Vie

Le secret le plus profond – sans
se dénoncer, sans sourciller –
qui se livre lui-même,

la dose.

La passion pour remédier
à la mélan cholérie. La sincérité
érectile met en danger la râle
qui régit les cavernes

et des grains de sable à ramasser
dans un sachet et à édifier
contre le degré d’acidité accru.

La peau et la chemise se séparent pour finir.

2. Mort

On en avait pas mal de produits
régionaux du proche Far West :

machines agricoles, Marcel
van Maele, vélomoteurs, Herman
J. Claeys et qu’on ne l’oublie pas,
Serge Largot.

Ils nous ont précédés,
puis sont décédés.

Surtout la faillite de Flandria,
vélomoteurs, et le cancer
de Marcel et d’Herman et

où en serait-il,
Largot ?


3. Vie et mort

Cherchez alors, cherchez la femme
qui supporte vie et mort
de nombre d’hommes.

Bonheur pour celui qui la trouve,
demande-le à Largot,

qui, toutefois, a pris
une avance sur l’éternité
en disparaissant
de vue,

toutefois pas sans femme.

jeudi, décembre 24, 2009

Le temps est venu de clôturer l’année et nos livres

L’année est pratiquement passée, devient un passé, un peu étrange à l’étranger et dans notre propre pays. Mon père, décédé. Simon Vinkenoog, le grand poète hollandais, mort aussi. Un frère ou deux ont eu une attaque. Le système financier global est tombé de sa nue et quelle crise ! Quelle crise ?

Non, pas question de crise, une époque s’est terminée, celle non des vaches folles mais des vaches grasses. Reviendront-elles et faut-il qu’elles reviennent ? Et avec elles, ces banquiers qui poussent leur clients à devenir cupides. Je préfère qu’ils les poussent à la débauche, franchement.

Je m’en rends compte, je n’y ai pas assez consacré mes poèmes. Je ferai mieux.

Toutefois, cette année a vu, à deux coups, la percée d’un jeune écrivain, Nicolas Ancion. J’ai eu le bonheur et l’honneur de traduire ses playmobiles et de trouver une maison d’édition à cet effet, de sorte que son propre oncle puisse enfin le lire. L’autre coup était l’homme qui valait 35 milliards et qui valait une vente superbe : première édition épuisée après une semaine !

Saviez-vous que tous, je dis tous les livres d’un autre belge gagnant, Jean-Philippe Toussaint ont été traduits en néerlandais ? Allez voir sur son site.

J’ai eu une terrible maladie non identifiée, la guigelton, sous forme de recueil de poèmes écrits par le poète Hollando-Amsterdamais Pom Wolff (dont certains poèmes se trouvent sur ce blog en traduction, évidemment). Me voilà enfin encore à Amsterdam, en compagnie de mon beau-frère.

J’aurais voulu y retourner pour les obsèques de Simon mais j’étais trop loin, dans mon pays de vacances.

Et un autre mort, inattendu celui-là, Cyriel Vergauwen, de Sint-Niklaas, organisateur de la Nuit des poètes fâchés (Nacht van de Boze Dichters) à laquelle j’ai participé depuis des années.

C’est tout. Quoi, est-ce tout ? Rien de plus ? Qui sait.

vendredi, décembre 04, 2009

Ma rencontre avec Rimbaud



D’emblée, dès la fin de l’été,
les saisons ont commencé
de s’enfiler, descendant,
descendant, attrapant.

C’était avant de me donner
à la ville, à la veille
d’un abandon plus profond.

Je ne voyais la ville qu’embuée,
perdant ô des fois mes lunettes.

Je devais apprendre l’art
de faufiler entre les démons,
sans jamais rencontrer Rimbaud.


L’emblème ne comptait plus,
j’ai failli tomber, à plusieurs reprises,
dans l’indéchiffrable.

On finissait toujours au même restaurant,

par les mêmes stratégies,
nous enfermant dans des théorèmes
vulgarisant sans divulguer
les tristes pratiques tropiques

d’à peu près tous les jours.

Je pris en silence, fût-ce tendu,
refuge pour compter
les moments, voire les instants
où Rimbaud serait enfin venu
s’asseoir. Et je marchais.


Le blé était constamment coupé
à ras le sol et trop peu semé.

Sans qu’une aide humanitaire n’intervînt,
on mangeait à notre faim
sans jamais rompre le métro boulot dodo.

Les oiseaux chantaient sans nous,
sans se soucier de nous,
tandis que les sorcières

Les moineaux par exemple,
nous quittaient avant la fin
de nos saisons en enfer,
sans attendre l’arrivée de Rimbaud



Souvent une voix disait,
que j’entendais sans écouter,
que tôt ou tard je finirais
par sombrer dans la folie

d’Élisa ou d’elle.

Au port voyant les bateaux
et les bords, je changeais son cap.

Elle a fini par s’éclipser.




J’arrivais enfin, un autre jour, au port.
Incroyable, j’avais les mains libres,
ayant fixé le regard en face,
me perçant et murmurant

ce que je venais d’écrire.

Ou de voir en rêve.

Je ne savais pas si c’était
l’été ou l’hiver mais qu’un bateau
nous ramena un Rimbaud
prêt à mourir.



Sans doute un jour nous serons assis
tels des semi-colosses, quant à moi
au volant, les yeux mi-clos,
regardant dans le vide, en avant.

Pour regarder en arrière, il suffit
de regarder droit dans le rétroviseur.

Ce qui, un jour, était à venir, ci-gît
en morceaux, dont il y en a pas mal,
plus aucune main ne les ramasse.

En lambeaux et en débris,
éternisés en des moments d’horreur.

Rimbaud bientôt feu sera bien
enregistré à titre de visiteur
de son enfer.

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