mercredi, octobre 17, 2012

le blog est devenu un site

Ce blog est devenu un site</a>

La suite
s'y trouve. Il n'y aura donc plus de nouveaux messages ici

vendredi, octobre 12, 2012

Rajeunir en dormant

Le désarroi cherche
à prendre pied
quelque part au royaume.

Le roi par contre
jette les dés,
tandis que je traverse
le Rubicon dans l'autre sens.

Pendant tout ce temps,
de quoi je parle,
j'ai à peine dormi.
J'ai fort vieilli.

Le royaume omet
de préparer mon retour
et le départ du roi.

samedi, octobre 06, 2012

Quelle joie!

Un bras signe l’air,
d’un tour de main.
Du coup, tout devient
insignifié. Les haltères

n’en demandent que deux
et attendent, ce sera en vain,
que l’autre bras donne la main.
Finnegan et Ulysse ne sont heureux,

l’un se réveillant, l’autre s’endormant,
d’être séparés par leur auteur,
qui n’a jamais écrit que d’une main.

Une jambe qui, s’écartant
cherche l’autre non sans bonheur,
restera unique ou s’unira en vain.

lundi, août 13, 2012

On y va, en vacances et au canal (4 et fin)

préambule:
Sous le soleil exactement, qui nous arrive enfin - voilà l'été! - je me balladais, aujourd'hui, à Bruxelles, hésitant entre les Filigranes et les Tropismes. Est-ce le trop de soleil qui a fini par me pousser aux tropismes? Zut alors, joe, j'y ai acheté trois bouquins, quelques dizaines d'euros.
Surréaliste?
Le Canal figure parmi mes achats. Jean-Claude Dubois, poète. jamais entendu parler de lui. Edité par Manier et Mellinette Cheyne. Jamais entendu. J'ai ouvert le recueil: du pratiquement tout vu! Du à la mode bourgeoise, incroyable! Mélancholique, coliques etc. Mais il y a plus.
Je me suis mis à 'répondre' aux poèmes. Et voilà l'été et bientôt je me retirerai pour mes vacances, pour rendre vacant mes esprits. J'espère à ce moment-là pouvoir publier ici mes poèmes en réponse à M. Dubois.




Jean-Claude Dubois, le canal et moi


En suivant le canal, en français,
le long de l'eau, sa langue change.
Vers le nord, le néerlandais.

Ik heb altijd gesproken tot het kanaal
maar het kanaal weet dat
als je alleen spreekt
je daarom nog niet de waarheid spreekt.

(dat zeg jij; maar ik
spreek niet tot het kanaal.
Ik spreek de vissen toe in het kanaal
tot ze toehappen; je bent nooit alleen bij het kanaal.
Ik hou van de vissen,
de vissen houden niet van mij.
Zodra ze me te zien krijgen, haten ze me)

(tu parles; moi, par contre,
je ne parle pas au canal.
Je parle aux poissons au canal
jusqu'à ce qu'ils mordent; on n'est jamais seul au canal.
J'aime les poissons,
les poissons ne m'aiment pas.
Dès qu'ils me voient, ils me haïssent
)


Vaak heb ik het gezegd
dat zijn blik die van de vogels
leek te kruisen
op het eigenste ogenblik
waarop hun uitleg opvloog.


Moi, le regard des oiseaux me dit,
tu parles, qu'il y a du poisson
et alors, je croise leur regard par ma canne.


Ik lig op mijn buik op het jaagpad, mijn hoofd beroert het water, alles lijkt me buiten proportie. Mijn verleden, mijn herinneringen en bovenal, mijn voorvaderen. Ze leefden op het oppervlak van het kanaal zonder dat ik ze bemerkte.

Ik ben daar gebleven, lang genoeg om de helft van de hel uit het hoofd te leren. De andere helft behoorde me nog niet toe. Ik heb het beleefd als rouw, als een voetspoor dat edeler werd naarmate het uitgeveegd werd.


Je suis assis à ras les fesses sur le chemin de halage, souvent aussi je m'y ballade, ma canne effleure l'eau. Tout semble bien proportionné. Je lance puis je tire ou encore je lance et j'attends. Les poissons vivent sous la surface du canal sans que je m'en aperçoive.
J'y suis resté, suffisamment de temps pour en capter quelques uns. Les autres sont restés et ne m'appartiennent pas. Je l'ai vécu comme un festin, chantant, dansant, écrivant l'empreinte de mes pieds sur le chemin de halage.


Je bent te laat. Als we de wet strikt zouden toepassen, zou de rest van de wereld niet op jou hoeven te wachten. Niemand immers gelast zich met tijden die gestruikeld zijn.

En toch hebben we op jou gewacht. Het verleden zowel als ik.
Het heeft van de gelegenheid gebruik gemaakt om me nog ongelooflijker en nog oudere verhalen te vertellen.
Oud worden is bang zijn om een echt verhaal te beleven.

Oui, je suis en retard. Et alors?
Cela m'arrive rarement. Pratiquement jamais.
Et alors? Tu crois que je me suis trébuché?
J'ai simplement mangé trop de bûcher. Et alors?

Malgré tout, malgré l'application stricte
de ce que tu crois être une loi, me voilà, te voilà.
Et maintenant?
Tu crois sans doute que notre vraie histoire commence maintenant.
Et bien non, elle a déjà commencé
au moment où tu as commencé à m'attendre,
où j'ai commencé mon voyage vers toi.

Ce canal était mon ange gardien.

Il m'a souvent consolé.
Il me disait que j'étais trop effacé,
trop solitaire.
Que si je voulais être aimé un jour,
il me faudrait poursuivre le monde
de l'autre côté de ma fragilité.


En voilà donc un, un canal
de communication.

L'ange gardien par contre
devient vachement fluent, limpide voire liquide.
Quand on est jeune et vachement banane,
on est toujours solitaire.
Rien de nouveau sous le soleil
et que la fragilité cache son autre côté,
c'est aller trop loin.
Dubois aime aller trop loin,
parfois. Reviens!

Après l'écluse
s'ouvre un monde
que je ne connais pas.

Plus le canal s'éloigne,
plus je tombe amoureux
de ce qu'il en reste.

Voorbij de sluis
gaat een wereld open
die ik niet ken.

Hoe verder het kanaal verwijderd,
hoe meer ik verliefd word
op wat er van overblijft.

Oui, il y en a pour qui
l'amour, ce résidu,
s'éloigne après l'écluse.

Moi aussi, je suis tombé,
dans la marécage, la vase
le long de la rive
du canal.

J'en suis sorti
de mes propres forces enfantines,
luisant, triomphant.
C'est ma mère qui l'a dit.

En effet, en répondant aux poèmes de ce Français du Nord, je me suis souvenu ma chute dans le canal près de chez nous. Un canal qui n'a jamais servi à rien. Une chute qui a servi à quelque chose.

J'ai les pieds ….

Ik sta met mijn voeten in het water
modder rond mijn enkels vat me.
Muggen
lopen er achteruit.

Het kanaal is vol azijn
en chagrijn.

Het spreekt.
Alles spreekt het tegen.

Tout à fait, oui,
les pieds dans la vase.

J'ai reniflé, il est vrai, une odeur puante
qui toutefois ne m'a pas pris.

Rien à dire,
en sortant j'ai couru
tout de suite à la maison.




vendredi, août 03, 2012

Décalage horaire me trouble en écumant

Quelque chose ou quelqu'un
parlait-il de Gustave?

Parfois on voit Gustave Klimt
qui monte et dont les chaussures
brillent et on souffre.

Si tu tournes la tête, tu parles
que tu vois comment elles tombent
par bottes, par grappes ou encore en vrac.

Gustave n'en perd pas le sourire.
J'agite même la main avec exubérance,
hors maison, hors ma peau
à tout ce et ceux qui tombent.

En se réveillant après la chute, une sœurette
s'avère morte. Quelle famille,
les Vagabonde.

Le vol d'épaves donne un poil dans la main.


mardi, juillet 24, 2012

Bruxelles capitale du surréalisme

Sous le soleil exactement, qui nous arrive enfin - voilà l'été! - je me balladais, aujourd'hui, à Bruxelles, hésitant entre les Filigranes et les Tropismes. Est-ce le trop de soleil qui a fini par me pousser aux tropismes? Zut alors, joe, j'y ai acheté trois bouquins, quelques dizaines d'euros.
Surréaliste?
Le Canal figure parmi mes achats. Jean-Claude Dubois, poète. jamais entendu parler de lui. Edité par Manier et Mellinette Cheyne. Jamais entendu. J'ai ouvert le recueil: du pratiquement tout vu! Du à la mode bourgeoise, incroyable! Mélancholique, coliques etc. Mais il y a plus.
Je me suis mis à 'répondre' aux poèmes. Et voilà l'été et bientôt je me retirerai pour mes vacances, pour rendre vacant mes esprits. J'espère à ce moment-là pouvoir publier ici mes poèmes en réponse à M. Dubois.

lundi, juillet 16, 2012

La chute après le siège

Les bananes poussent de travers
vertes initialement, comme moi.

Promptement et à courts bras au départ.

Et toi, où étais-tu, hein?

À la mer, simplement?
Au pied de l'arbre du mont?

J'ai détourné la courbe.

C'est là, alors,
que tu es sortie de la route,
lâchant un lacet de trop,
te battant avec une bretelle
de ton soutien-gorge,
quittant ta blouse bouffante déboutonnée,
tout juste sans trébucher
au bord de ton slip,
arrivant à mes côtés.

Tu es tombée d'une chute à part.

samedi, juillet 07, 2012

Comment monter le cheval de fer?

1.      Mon père avait applané et betonné le sentier.
Le sentier n’était pas fait pour être cyclable mais pour faire partie du jardin. Il était dès lors étroit. Le jardin était long et jeune, j’étais jeune et court. Quelle est la taille moyenne des garçons de huit ans?
J’avais emprunté un vélo des voisins. J’ai oublié combien de fois par semaine je l’empruntai pour m’apprendre à rouler, pas par pas, en vélo. Personne ne tint le vélo droit. Je tombais tout seul. Et tous seuls, les bleus disparaissaient. Et surtout les égratinures, bien qu’elles aient eu besoin de quelque désinfectant.
J’appliquais la chute libre, spontanément et d’une joie sordide, me relevai et remontai le cheval de fer. Je devrais et je devais. Je maintins. Tout comme le voisin, fort heureusement, même si je lui rendis son vélo peu intacte, ce qui ne l’a jamais empêché de me l’emprunter à nouveau. Le bonheur d’être voisin existait simplement.
Je ne comptais pas le nombre qui ne comptait pas, le nombre de chutes et des fois où je m’en remis. Le nombre de semaines qu’il m’a fallu, jusqu’au jour où je restai assis en selle, arrivant sans tomber au bout du sentier et de retour. Le monde était à mes pieds.
Pour mon anniversaire suivant, je reçus tout simplement un vélo tout neuf. Simplement? Mon bonheur n’avait pas de limite. Par rapport au bonheur d’achetere ma première voiture, celui de mon premier vélo était mille fois plus grand, tant j’avais dû endurcir pour réussir. Apprendre à conduire une voiture, c’était facile, sauf avec celle de mon père. Quel tank! Pas moyen de la faire bouger. Mais en voilà une autre histoire, je divague. Comme je divague facilement! Peut-être est-ce dû au vélo, avec lequel on a vite tendance de quitter les sentiers battus pour passer là où les voitures ne peuvent passer et pour retrouver, ensuite, le bon chemin.
J’allais à l’école et à la piscine en bicyclette. La piscine, où j’ai appris tout seul à nager. Sans tomber mais en perdant la tête dans l’eau, souvent. Pour remonter à la surface. Ah, quelle joie que de divaguer.
Au galop, cheval de fer. 

2.      Le vélo de grand-père
Tout comme tant de petits-enfants, j’étais un admirateur silencieux de mon grand-père, le père de ma mère, qui voici aussi. Mes propres petits-enfants m’admirent avec beaucoup plus d’élan. L’un me prend au cou, le second, dès qu’il me voit, rayonne. Mais en voilà encore une autre histoire.
Hélas, tout grand-père un jour meurt. Grand-père voulait abattre un arbre lorsqu’il a été abattu. On l’a emmené à l’hôpital, il n’était pas mort sur le coup mais quelques jours plus tard.
Grand-père n’avait pas de voiture. Toute sa vie, il s’est déplacé en vélo, toute sa vie un seul vélo. Il avait l’air neuf, tellement bien l'avait-il entretenu. Sans vitesses et à frein torpédo. J’en ai hérité. Parce que j’avais appris tout seul le vélo? Je n’ai pas reçu d’explication mais j’étais impressionné. À l’époque, j’étais à l’université et j’ai emmené le vélo de grand-père pour me déplacer à la fac. Je ne peux jamais me le pardonner. Très vite, le vélo a été volé. Ce jour-là et les jours suivants, j’étais triste jusqu’à la moelle. En héritant de son chapeau plus tard, la plaie s’est adoucie. 

mardi, juin 19, 2012

En même temps que la journée, la guerre s'éclate


La nuit venait de tomber
le sommeil nous avait déjà pris
– selon les bruits qui courent –
lorsque le téléphone a sonné.

Aucune musique des sphères ne l'accompagna
ni des nouvelles alarmantes.

Personne n'a sauté de peur
ni n'a-t-on vu passer quelqu'un
par un trou aux nues.

Des avions de combat et des drones
ont volé et volent
loin de notre lit.

Quelques heures plus tard et encore trop tôt
je me suis réveillé et ça y était, ayant éclaté.


mercredi, mai 30, 2012

Œuvre d'art et de musique

Si nous commémorons Jean Arp
en le réduisant à harpe,
nous gagnons quatre champs,
quatre champs de gagnés avons.

Nous mettons la main
à ses cordes.

À part sa moustache, Frank
Zappa était un vrai spartiate.
Même ses longs cheveux recevaient
à deux reprises par jour
un coup de peigne.

Nous mettons l'oreille
à ses cordes.

Si nous commémorons John
en le réduisant à ce que nous gagnions
quatre champs, quel coup
de feu que Colt.

Nous disons des prières
pour qu'il rase à surface d'eau,
montant descendant ses gammes,
toujours prenant les armes.




vendredi, mai 25, 2012

Le désert appelle

Nous y appartenons en nous regardant
de dos. Je tire
la corde tendue dans la niche
de notre bras et je crache

oui, je mise bien!
non, je n’avale pas!

Nous tenons bon un bon coup,
en enlevant à toute vitesse la clé
de la porte, nous jurons
à moitié à l’intérieur: USB!

Nous voici mais où,
à l’intérieur?
ou à l’extérieur?
Mais où est donc au juste cette porte USB?

Par l’odeur du fumier
nous saurons
si un cheval, un cerf
ou encore un âne
nous emmenera plus loin
en extase



mardi, mai 15, 2012

Axe

1. Un laps de temps, d'une semaine,
il m'a fallu
pour osciller
entre Durme et Dender,
Lokeren et Aalst,
entre deux Dirks.

Le vent ne m'a pas empêché
de garder en balance
mon équilibre,
de garder la cadence
de mes pieds,
bref, de danser libre.

J'ai oscillé et pour finir,
ai pris le chemin de l'Égypte.

2. Si je dis il pour que je me prononce,
où me situé-je sinon
dans l'île du poème.

Elle avait gardé une ceinture
et son collier
quand elle s'est dénudée.

Se frottant les mains,
elle émiette le musque,
le rendant glu.

Elle l'applique et l'administre
ensuite derrière mes oreilles,
sur ma poitrine,
entre mes jambes
et autour de mon pénis.

Je ne tarde pas de bander
et prends le chemin de l'Égypte.

3. Rien ne va plus de soi,
les mains entrent
dans les plis
de soie.

Si charnel que ce soit,
nous ne pouvons nous empêcher
de prendre et de donner
le meilleur de nous-mêmes,
la chaleur d'haleine.

C'est qu'après l'Égypte,
nous avons traversé
le moyen orient
pour nous rapprocher,
le proche orient.

Ayant pris le chemin,
le chemin nous mène.

Ayant vu la lumière,
elle nous fait voir.

Tournant l'oreille à la musique,
elle nous transporte,
nous rapprochant.

vendredi, avril 27, 2012

Rebord et quai se désirent

Le Nil berce de sa source,
jamais plus, jamais moins
que le temps lancé à l'eau,
espérer, prier, chanter
qu'à la fin la mer embrasse.

Jamais je ne t'oublierai, jamais je ne t'oublierai.

Le sable sec, sec le sable, le sable sèche
la terre
qui de toutes ses forces de tous ses arbres de toutes ses plantes
désire l'eau

et le cœur en mal désire des bras chauds.

Non, jamais je ne t'oublierai, jamais je ne t'oublierai.

Un jour nos destins se croiseront,
pourvu que nous nous désirions assez fort.

Ce n'est vraiment pas nous qui créons notre malheur.

Jamais je ne t'oublierai, jamais je ne t'oublierai.

Même si le Nil berce encore pendant des années de sa source,
jamais je ne t'oublierai, jamais je ne t'oublierai.




À quoi bon ce grand livre des belles gueules, ce feesboek, il y en a qui se le demandent. Eh bien, à cela qu'un jour, le poète, ancien éditeur et grand anthologue aux Pays-Bas, Henk van Zuiden, y a lancé un appel: qui est capable d'écrire un poème inspiré d'Oum Kalthoum. Ses chants remplissent souvent ma voiture, notre salon, nos nuits parfois, j'ai donc donné présent.
Zut, joseph, joe quoi, ce poème m'a pris une semaine. Le Henk van Zuiden trouvait que la mise en page ne correspondait pas à ce que les lecteurs ont l'habitude de lire. Mais c'est la longueur des versets qui traduit la musique!, voilà ce que j'ai répondu.
D'accord, il avait compris. La plupart des poètes prennent la musique comme thème d'un poème, mais ne chantent pas. Excuseer, mijnheer, maar zo gaat dat niet bij mij. Et voilà, l'anthologie est publiée, Boem, Paukeslag!
Hier, je rencontrais mon ami le poète Roger De Neef. Il avait lu mon poème et m'en félicitait, parce que la musique y coule de source. QeD.

dimanche, avril 22, 2012

Artaud, ecce homo

Hier, on a encore pu se fâcher un bon coup, à Sint-Niklaas. La nuit traditionnelle des poètes fâchés. J'y ai lu entre autres:

Artaud à Beni Mellal

L’orage menaçant – pas de nue
au ciel – de ce regard
d’animalier, sans couverture
parasol,

Artaud enlève la couverture.

Il crie au tonnerre,
jette la foudre
aux gens assis
à la terrasse
non terrassés.

Ici non plus personne ne l’écoute.


Ecce homo

Je suis à peine détaché
de mon ombre, pas du tout
de ma chair, je sais.

Que fais-je dans mon nez,
à quoi bon me gratter le crâne
après m’être cassé la tête ?

J’ai beau compter mon ombre,
je ne compte pas sur elle.

vendredi, avril 06, 2012

Retour à Pontoise (ou le quatrième homme)

1. La rue si longue si large voici

que trois hommes y passent,
en ballade. Le beau temps

en leur faveur pas en leur encontre,
joue avec leur basque

révélant Armani de l'un,
demande à la douane o combien faux,
saluant l'autre en Louis Féraud,
vrai selon la douane,

tout comme C&A du troisième,
que personne ne salue.


2. Je ne voudrais pas
l'inviter à ma table,
voire lui donner
la main de ma fille.

Ainsi parlait Armani faux.

Tout cela et encore plus,
le quatrième homme l'entendit,
un poète quelconque
dans ses fringues usées.

Tu vois, dit il à Armani,
mis en boîte abasourdi
C&A est une valeur sûre.

jeudi, mars 29, 2012

Que préférez-vous, une ligne de coke ou une ligne de poésie?

"world poetry movement
Rencontre avec trois membres du nouveau World Poetry Movement, fondé en 2011 lors du festival international de poésie de Medellín. Avec Fernando Rendón (Medellín), Bas Kwakman (Poetry International Rotterdam), Hatto Fischer (poète et philosophe grec), et Philippe Meersman (poète). Animée par Geert van Istendael."

Le mouvement, selon les organisateurs de la rencontre, rassemble des poètes et des festivals de poésie de partout dans le monde en favorisant la collaboration et la solidarité. Il veut créer plus d'intérêt dans la poésie pour le monde actuel et de demain, attisant le débat sur la relation entre la poésie et l'engagement social et politique. La poésie, peut-elle favoriser la paix mondiale? La poésie est-elle politique? Le poète qui défend la bonne cause, est-il bon poète? Etc.

Qui pense Medellin, pense automatiquement coke. Les média dans l'immédiat nous poussent dans ce sens. Le cartel de Medellin est mondialement connu. Il s'agit d'un groupement de grossistes en cocaïne.

Nous, qui sommes de la poésie, nous savons mieux: Medellin organise un festival de poésie.

Si le cartel fait des affaires au niveau global, pourquoi le festival ne serait-il pas international? Et voici que le festival attire de nombreux amateurs et poètes. L'intérêt y est.

Souvent et encore maintenant, les poètes croient qu'ils se substituent aux prédicateurs et aux pasteurs. C'est pourquoi, ce soir-là à Bruxelles, le groupe a commencé par la recherche obligatoire d'une poésie du monde, voire mondial, pardon, engagée. Et pour ne pas que le choc des idées ne bouscule les poètes, tant autour de la table que dans l'auditoire, Geert van Istendael présidait la rencontre. (Ainsi, lorsque Bas Kwakman saluait quelques uns des gens qu'il connaît dans l'audience: ne fait pas le bureaucrate, mec.)

Or, il se fait que ce Kwakman était le seul à ne pas être poète, étant l'organisateur du festival international de la poésie à Rotterdam. Il réduisit la poésie de son pays, plat d'ailleurs, à un nombrilisme étroit. Jusqu'au moment Pim pouf paf. Ce coup de grâce a cassé le cordon ombilical des poètes et a fait entrer le monde dans la poésie des Pays-Bas. D'ailleurs, on n' y voit pas encore de poète au même niveau que Lucebert, bien que Martijn Benders y travaille, bien qu'à Istanbul.

Il était inévitable et donc on le citait: Gerrit Komrij, "Tout poème politique est mauvais, tout poème est politique". Et Geert van Istendael, riche d'une expérience d'années en tant que membre, voire président de jury de prix de poésie, d'y ajouter: "à condition que le poème soit bon", évidemment.

Ensuite, les éléments constituant la rencontre trouvaient spontanément des exemples de poèmes sans signification politique, ni implicite ni explicite, qui, un jour, d'un coup, se sont vu attribuer une signification politique.

Le débat vivait ainsi une ouverture et l'audience reprit haleine.
Moi-même, j'écris jamais ou rarement des poèmes critiques du Système. Je préfère la prose, écrite pour le podium, comme 'ik ben van Luxembourg' ou encore 'comment Théo van Gogh aurait dû faire pour qu'il ne soit pas assasiné'.

L'homme de Medellin Fernando Rendón ne parlait pas un mot autre qu'espagnol, assisté d'une interprète. Je citais Enzensberger en Néerlandais et Geert traduisait en Anglais.

Enzensberger: nous avons appris à écrire parce que l'industrie n'existe pas sans documents écrits (patentes, manuels, publicité, etc.) Or, l'industrie étant exportée aux pays moins chers, il ne nous reste plus que de consommer (le mot me fait vomir). Il suffit donc que nous puissions lire, de préférence des textes unidimensionnels et univoques.

Et voilà que dans l'audience, on faisait remarquer que l'être humain veut plus et que souvent, la poésie offre cette plus-value.

Je croyais qu'en rentrant, j'aurai une idée d'une tâche éventuelle dans le cadre de ce mouvement. Il s'est avéré se limiter aux organisateurs de festivals, souvent eux-mêmes des poètes.

dimanche, mars 25, 2012

Inéloignable

Je viens de gagner une troisième fois le prix du dimanche de pomgedichten.nl, un site aux Pays-Bas dédié uniquement aux poètes et à la poèsie. Le thème était: y a-t-il du sublime et spirituel en vous qui se marie avec le banal? J'ai traduit le poème gagnant que voici:

Te voici sans tapis végétal au cul,
sans bouder
sans Pontoise
en arrière-pensée ou en derrière.

Qui sera vite rempli,
avant même que le feu ne te cautérise
ou ma langue ne te visse.

Plus nous nous approchons,
plus nous nous éloignons
l’un dans l’autre jusqu’à la poussière de nos rêves.

Ayant tout laissé tomber et pénétrant

dimanche, mars 18, 2012

La sagesse rejette plus qu'elle-même

1. Lorsqu'ensuite je parcourais la toundra,
en voiture ou à pied, sans dormir,
la guerre du divan se déchaîna pleinement.

D'autres disaient
qu'il y avait une guerre au divan.

La sophia était perdue.

2. La plaine sibérienne
est-elle haute ou basse?

Elle est assez loin
du Pakistan
et libre de taliban.

Et plein de gaz et de pétrole.


3. Ici l'œil jamais n'arrive
à voir la limite.

L'oreille tout au plus
renifle la tourbe moulue d'antan.

Mais qui donc s'en tracasse
si même gazprom ne.

lundi, mars 05, 2012

Dans la lumière humanisante

1. Sont-ce des doigts ou des orteils
qui m'évitent?

Momentanément, nous marchons
sur les bouts.

J'espère qu'en main tenant
tout finit bien et que le pied marche.

Voilà, nous insistons
à ce que l'eau quand elle inonde
le rivage, elle nous aussi.



2. Mes mains à l'appui
font quatre pattes.
Je grogne. Que suis-je?

Au bas de ton dos
j'ai d'abord tracé
un dessin quel con
que je fais.

Me demanderais-tu
d'agiter une main
contre l'oubli?

Avant de prendre notre pied?
Ou après?


3. Qui fait tourner la chienne giratoire,
qui lui frotte le cou-de-pied?

Tout comme qui me caresse
la tête,
voire les couilles?

Toi donc. Moi donc.

Les brûlures sous-épidermiques
nous les léchons en sous-main.

Celui qui reprend du poil de la bête,
grogne doucement, saute.

Nous clignons des yeux contre le gris,
les nues ou les menus.



4. Pourrions-nous d'ailleurs savoir
plus que l'output d'une étreinte,
si entre-temps l'input
s'est transformé?

Certes, nous sommes parfois
en forme sous laquelle il nous arrive
de nous reconnaître.

Comment pouvons-nous?

Si même nos poumons
se sont accordés
à nos respirations respectives?

Nous avons beau nous retourner,
le chemin que nous avons parcouru
se trouve enveloppé d'un brouillard
qui nourrit notre mémoire.

Aujourd'hui, fort heureusement, le soleil brille.


dimanche, février 19, 2012

Paysage en mouvement

Pourquoi travaillons-nous, jouons-nous? Un peu de reconnaissance, d'estime, c'est ce que nous voulons, non? Eh non, diront comme toujours les poètes et autres artistes. Ceux qui connaissent quelques succès, savent que le succès est précaire car extra-artistique. Quel scandale que d'avoir du succès! Que c'est gratuit!

En tout cas, je m'en fiche éperdument (un jour, un collègue qui avait son bureau au même couloir que moi, venait m'annoncer qu'un journal, le sien, m'avait félicité. De façon anonyme, entre tirets: – dont le texte, d'ailleurs, a été traduit de façon excellente -).

Chaque jour, de nombreuses gens font un travail excellent qui ne veulent pas d'excellence, qui n'espèrent plus la reconnaissance. Il y en a toujours qui sont prêts à courir à leur place pour obtenir une plume. Qu'ils la gardent, de préférence dans le cul.

Retournons à nos moutons, en l'occurrence mon âne, et voici un poème, donc.

Paysage en mouvement

Aucun désespoir
ne se soucie de moi.
Aucune encre noire
ne gâche mon foie.

Un nuage que de l'air
descend et met sa chaussure.

Un âne passe, sans aucune
attention qu'il porte au nuage,
ni à moi sur son dos.

Le nuage frappe
à la porte d'un artiste beau peintre,
dont on n'a plus rien appris.

Je dirige les pas d'âne vers la montagne.

jeudi, février 09, 2012

Haut vol

La figure de proue ayant arrêté
de fumer,
elle s'emplit d'agitation.

Il ne fallait pas attendre longtemps
avant qu'elle ne se sépare
de sa Rolls Royce.

Temps révolu.

vendredi, février 03, 2012

Le tieftalien expliqué aux zéroplus

D'abord, permettez-moi, cher lecteur et navigateur ou internaute, d'expliquer le zéroplus. Rien à voir avec le séropositif, mais quand même positif, un plus. Vous n'êtes certes pas nul, mais plus. Pourquoi? Parce que vous êtes à la recherche de vous ne savez pas toujours quoi.
D'un complément, peut-être? Une grande partie d'entre vous me répondent: non, merci. Dans cette grande partie, un tiers y ajoute: j'ai déjà donné. Ce qui donne: non, merci, j'ai déjà donné. Ce sont surtout les femmes qui parlent ainsi. Les autres, surtout les hommes: disent: non, merci, j'ai déjà trouvé.
Alors, que cherchent-ils encore? Un supplément. Un plus. Plus que zéro. Un, parfois deux. En fait, ceux qui cherchent à savoir, n'arrivent pas ici. Ils se trouvent sur les pages info, voire scientifiques. Sont-ils nuls qui cherchent à savoir? La réponse nous échappe.
Or, le tieftalien, issu plutôt de lalangue que d'une langue, offre tant un complément qu'un supplément. La poésie en tant que complément, voire supplément? Souvent, elle ne sert qu'à démontrer que la vie d'artiste est dure, que le merci du monde n'existe pas ou que la vie n'est qu'un triste passage vers d'autres lieux, mieux dire sans mots.
Le tieftalien par contre ne rend pas la vie d'artiste, dure ou paisible, bien que ceux qui relisent deux fois le même poème, souvent voient apparaître au fond des mots une lueur. Une ombre, aussi. En tout cas, quelque lumière. Serait-ce là, la vie? La vie, serait-ce ça? Pour trouver le supplément, il faut lire au moins deux fois.
Le tieftalien vous facilite la recherche du supplément là, où il se limite. Il se limite par exemple à un nombre restreint de mots et de phrases. Il va, en effet, se faire inspirer plutôt par la marche, lente ou rapide, des mots qui se cherchent, créant une musique de fond ou de premier plan, arrivant ainsi à la parole, toujours ou presque toujours pleine.
D'autre part – mais où donc se trouve l'une part? – on ne peut échapper, vous, le lecteur, moi le poète, à l'élément subjectif, qui, dans le tieftalien, sont des éléments subjectifs. Il y en a trop pour les traiter ici. Il suffit de lire les poèmes et vous verrez. N'empêche que j'insiste sur les éléments suivants: le tieftalien est en même temps marxiste et zappatiste. Tout d'abord, les deux tendances parlent une même langue, l'anglais en l'occurrence. Marxiste, il l'est le tieftalien, dans le sens de la fraternité des Marx Brothers, sans exclure le frère Karl. Zappatiest, il l'est le tieftalien, dans le sens où dans la mémoire de Tiefenthal, se sont gravés des paroles et quelques musiques du fondateur du mouvement, Frank Vincent. Elle est tout comme un pingouin captive de ses cordes, bweng, oh oui, oh oui. Nous y sommes tous pour l'argent. Aimez-vous les films à monstres? Moi, j'adore les films à monstres et moins ils sont coûteux, meilleurs ils sont. Mais c'est quoi, être moins cher? Eh bien, rien à voir avec le coût du film. Non, non, non. Permettez-moi de vous expliquer. Il faut vous imaginer King Kong qui attaque l'immeuble de l'empire, the Empire State Building. Eh bien, au moment exact où son bras atteint l'immeuble, une partie en tombe et nous voyons le mécanisme.
Les frères Marx, par contre, n'ont pas les bras mécaniques. Si une part en tombe, se sera un pan d'étoffe, une manche qui se perd; cela peut, d'ailleurs, arriver à n'importe quel moment, pourvu que quelqu'un l'ait vu.
Voilà ce qu'il faut savoir et ne pas savoir et hop, il est temps d'en finir et à la lecture maintenant:

Le temps est venu d'en finir

1. Nues à la voûte du palais

Il pleut à l'intérieur
à travers la voûte
de son chef.

Il pleut de noirs desseins.

On ne le voit pas ni l'entend
rire, même en trébuchant
et en tombant dans son propre complot.

Nous qui rirons les derniers nous
moquons bien de lui et l'accompagnons
d'un coup de pied au cul.


2. Le chant précède la chute

Entre son pillage et sa chute,
la plupart sont tombés
morts en souriant.

Il donna l'ordre de tirer,
de massacrer, de les pendre.
En l'absence d'une mer,
il ne donna point l'ordre de les noyer.

De forte main il dirigea
son pays incontinental
en ligne droite
vers l'abîme.

Jusqu'au jour où,
en pleine semaine,
vers deux heures de l'après-midi,
au beau milieu de la grand place,
un groupe de musiciens
apparut sans disparaître,
joua et chanta:

"tout comme nous il n'est qu'un pingouin,
bonjk,
lié par bondage à son trône,
oh oui, oui ho, oui ho".
Un spectre parcourt l'Orient
au beau milieu le moyen orient,
parcourt même la Russie
et à Cuba il fume un cigare.

jeudi, janvier 26, 2012

journée des poèmes

Portrait sans auto

Quoi! C’est moi, si loin?
D’une part, vachement nègre,
je danse légèrement hors cadence, dans le rythme.
D’autre part je chante,
faux. Et oui, c’est bien moi.

Avais-je raison ou risquais-je
de perdre les pédales ? En tout cas,
j’ai pris mon vélo
pour aller si loin.

Cela pourrait ne pas être moi.


Le bilan m’atasse

Lui, c’est moi, moi, c’est lui,
peu importe.

Le vol

can, une fois grimpé,
n’a relâché que la surface
de son œil tout de glace.

La forêt s’est approchée
"comme un grand vagin mouillé
ou un grand trou noir divin".

Le volcan a éternué d'un coup,
pas de quoi effrayer.

Il a fallu alors aller plus loin,
plus haut, prenant pied,
son pied au volcan.

La forêt avait repris sa place
et a tremblé, tout comme la terre,
lorsque du coup autre le volcan
a fini par cracher.

(la citation se trouve à la page 55 du livre 'explorados des abismo' d'Enrique Vilas-Matas, traduction française, d'André Gabastou, Christian Bourgois, éditeur)

mercredi, janvier 25, 2012

Petit pays, petit esprit

Pour feu mon grand-père, in mémoriam

Il fallait être timide et voyageur
pour devenir le roi du nouveau pays,
petit et réformateur.
D’emblée et d’emblème le pigeon
fut nommé et la paix régnait.

Une différence d’opinion publique
s’était avérée très vite, résultant
en un différend et de lourds débats,
ainsi qu’en un compromis.

Le pigeon fut remplacé,
d’une part par le lion,
d’autre part par le coq.

La paix s’envola.

mercredi, janvier 18, 2012

Un hiver pas comme un autre

Un sage du pays traverse
le paysage chauve et nu
entre deux villes.

La Chambre du Palais
se trouve bien bas
par rapport aux coupoles
et aux arbres au parc.

Quand tout s’est bien passé
et je m’allonge à tes côtés,
tu ne portes aucun pagne
entre deux yeux.

mardi, janvier 03, 2012

Quelle fureur fait danser la poussière?

1. Jusqu’à la tombée de la poussière

La graine de pavot lunatique sème la paix
dans la blessure, le loup
ne hurle pas, il lèche.

La lune sème aussi du sable
dans la blessure ouverte, les yeux,

qui, dès lors, lentement,
n’ont qu’à se fermer.

L’œil du loup, non,
pas méchant, cligne.
Ou clignote-t-il ?

2. Temps hors compte

Peut-être les années nous ont-elles
fait oublier le compte, de sorte
que nous écrivons à la lettre.

De a jusqu’à z, des chiffres
se cachent, d’où tous
les codes.

Justement c’est quand il pleut
qu’ils apparaissent.
La plupart du temps
est ensoleillé.

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