Rêve hippique

Demain et donc pas vendredi, je pars pour Nîmes.
Pourquoi demain?

Un royaume peut valoir un cheval,
dont les lèvres se prononcent plus
que nègres.

Le confort du trône
contre celui d'une selle.

Pourvu que les éperons
soient d'or.

Bientôt on fout le camp d'ici,
laissant le royaume périr.

Bientôt mais pas le vendredi.

Bois d'oré (2)

Tant que nous en sommes là,
que rien ne nous empêche,
nous prenons un sentier de campagne.

Peut-on jamais éviter
un lièvre à toute vitesse?

Quand rien ne presse.

Le nez sorti des papiers,
la tête levée, un moment,
nous voyons le soleil se coucher.

Rien ne presse.

Bois d'oré

Sur le sentier
à l'abri de la lumière et du vent
d'un jour d'été sec,
apparaît un cerf.

Cherche-t-il à boire,
à abreuver son museau
pour disparaître, ensuite?

Alors, il doit quitter
le sentier.

Et où en sommes-nous,
si ce n'est que le cœur
qui bat plus fort?

Aha, Kahn

Personne n'a dû porter la parole
pour en cacher d'autres, personne
pour prêcher contre la théorie du complot.

Personne n'a tiré sur le pianiste,
il avait déjà quitté son instrument.

Personne n'en veut à l'appareil
policier et justicier d'avoir gagné
la course contre la montre.

Plus personne ne veut
courir et couvrir en même temps
les culs et les écus.

Ancre, enracine-toi, relâche

Se retrouver ailleurs
une fois, n'est pas grave.
Loin du pays.

Deux fois ou plus, c'est grave.
Il s'agit d'un voyage ou de haute trahison.
Ils sont nombreux ceux
qui reviennent et s'enracinent.

On n'échappe pas
à l'endroit où l'on habite.

Plus de foule, plus d'embarras.
Tous en vélo ou en auto.
On avance toujours, relâchez
vos racines, un instant.