mercredi, mai 02, 2007

Comment rendre un jour extraordinaire?



Dans la rue, il y a des masses de gens aux heures du jour. Disons, entre huit heures et vingt heures. Il y en a tellement que l'on n'y fait pas toujours attention. On regarde à peine, on marche. On marche tellement que l'on ne trouve pas le moyen de s'arrêter, sauf si l'on atteint son but. Un magasin, un bureau, une place quelconque où l'on se dirige.
On ne connaît pratiquement personne dans cette masse. Le passant y est invisible. Parmi les passants, un homme marche le long du trottoir écoutant le vrombissement des moteurs. Il ne semble pas avoir de but. Il se promène et écoute le vrombissement des moteurs dans la rue. Camions, voitures, moteurs à essence, moteurs à gasoil, vélomoteurs, moteurs des motards.

Peu importe s'il faut chaud ou froid, s'il pleut ou pas.

Il est passé dix heures, le flux des passants diminue. L'homme écoute en se promenant. Il n'a rien d'autre à faire. Porte-t-il la barbe peu drue, le vêtement quasi exotique? À Londres ou à Paris, l'exotisme n'est pas le même qu'à New Dehli ou à New York ou encore à Dakar. Peu importe son vêtement. Quant à la barbe, passons. Il ne porte pas la barbe.

Le danger était imminent mais s'écarte de la sorte.

Sommes-nous en train de suivre un espion à son insu? Le savons-nous? Le saurons-nous? Ou est-ce un homme quelconque, sans but, se promenant? Un espion ayant un but secret, se promène tel quel, afin de garder son but secret. La plupart des espions en service se promènent ou conduisent une voiture, dont le moteur vrombit. Il y en a aussi qui se contentent d'un taxi.

Il est à peu près onze heures lorsque l'homme entre dans un immeuble. Un quart d'heure après il sort. L'immeuble, à première vue portant un grand nombre de plaquettes, héberge des bureaux. Il est donc probable que l'homme en est sorti avec un papier. Ou avec une donnée quelconque qu'il porte dans son portefeuille, la donnée étant couchée sur papier ou encore enregistrée dans une puce. Il ne faut pratiquement aucune imagination pour s'y faire une idée. Nous sommes parfaitement rassurés. De quoi? De son sort? De notre sort? Ou serait-il simplement entré pour y observer certains mouvements, pour y revenir après afin d'effectuer un vol, un cambriolage ou un attentat? Cela est moins rassurant.

À force de réfléchir de la sorte, nous le perdons de vue dans la masse qui afflue à partir de midi. Attendons quatorze heures, au lieu de chercher quatorze heures. Tout serait parfait si l'homme disparaît dans la masse Rue du Midi. Rien n'exclue cette coïncidence. Vous dites alors: cela doit être Bruxelles! Ou plus parfait si l'homme disparaît dans la masse Rue Cherche Midi. Paris, ça alors! Cela est d'ailleurs parfaitement égal: l'union européenne est arrivée à tel point où il peut pleuvoir tant à Bruxelles qu'à Paris, au même moment, avec le même volume d'eau tombante. Toutefois, il ne pleut pas.

Il est dix-huit heurs lorsque nous le retrouvons. Qu'avons-nous fait pendant toutes ces heures? Qu'a-il fait, lui, l'homme que nous avions perdu de vue?

Il sort d'un bistrot et, sans écouter les bruits de moteurs, prend un bus. Il en descend pour ouvrir, d'une clé qu'il sort de la poche, une porte de maison. Serait-ce son château? Il est rentré.


Un moteur ronronne et vrombit
en montant progressivement, lentement
- voilà le ver qui brille -
le mont venus.

Sans papiers sans plus
il arrive et à la longue.

Abîme au mont des arts
pointant vers l'art moderne.

Tout l'art consiste à fermer
l'abîme au mont jusqu'à la longue.

Crie va viens joins rejoins moi
à tout coup à couper tout rituel
dépassant trépassant
qu'y a-t-il ici
qu'il faut extraire
d'un si petit mont
à si petit abîme qu'à

la longue tout galope tel
que tout déborde et encore
et en corps en sève au lit
.

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