mercredi, février 25, 2009

Empire d’ombre battu à plein





1. À présent, nous nous reposons
encore, l’oeil à moitié ouvert
levé, avant même
de tailler les crayons
et de nous mettre à la tâche.

À chaque lettre, nous ajoutons
son ombre due,
en nous appliquant
au bruit des sabots grammatical,
au battement des tambours,
à cette touche piano et un brin
déchiré du saxophone.


2. Ensuite, nous pondérons le virage
afin de le prendre ou pas,

jusqu’à ce que tombe
la frontière, affrontant
la dictature qui, à l’instant
encore y règne,

en empire d’ombre
soulevé et imposé
rejeté et refoulé
à fond.

Nous embarquons tulipes
en main, de préférence
des tulipes rouges, par exemple
rouge feu.


3. Nous ne fermerons plus
l’oeil ni ne tolérerons,
assurant le contrôle,

jusqu’à ce que nous
nous asseyions, voire
tombions

et jusque là.

Et voilà, c’est tout
pour aujourd’hui.

À demain, jusqu’à ce que nous

mercredi, février 18, 2009

Erreur




(2)
Pouvoir émerger?
Non: au cou toutefois
de jet de corde
appartient pesant le véhicule,
sur pieds crémeux

et levé.
S’ajoute la venue de voltigement bleu
ciel ou paralysé
ainsi qu’à cet effet l’éternuer.

Déjà depuis que l’œuvre antérieure
vers les cieux
s’est arrêtée, s’est ternie,
extranger pistilé
(déjà nommé auparavant)
et pensable, ailes
de l’âme. Gardiens: horizon
hors portée, encore tendant, aux mains
de velours d’une loi
écrite, swinguante.

Faire valoir la voix,
aux gardiens
imposer l’halètement

Et là-haut, hautement ailant :
interdit, rance, tabou

extrait du recueil "Schaduwwerk" de Bart Vonck
Ce poète belge est également traducteur de poésie, entre autres, de Frederico Garcia Lorca, Guy Vaes

dimanche, février 15, 2009

Au clair de la lune

Le feu au foyer, dans les yeux,
tapis atterri, coussin fourni,

il ne nous faut pas plus
d’espace, grandissant
l’un aux yeux de l’autre,

bondissant puis pénétrant
enfin coulant l’un
aux yeux, aux oreilles,
aux reins, aux pieds,
aux genoux, aux fesses,
aux mains et encore aux pieds

de l’autre pour y exploser
jusqu’aux limites de tout espace.

jeudi, février 12, 2009

Il n’est pas question de régionaliser

Mais de mondialiser, plutôt que de se créer une identité centrée au niveau du village. Quod non.
En effet, la folie de la journée est une tasse de thé que nous passons volontairement à d’autres.

S’agissant de la poésie, les accents sont en effet mondiaux plutôt que villageois. Même si le village Doel nous inspire, nous fait écrire, il ne s’agit pas d’un tel village mais de tous les villages qui soit ont disparu soit ont persisté, tel Ruigoord coincé entre les ports d’Amsterdam et d’Ymuiden.

Nous déplaçons les frontières, même si elles guettent partout.

Ah, je vous vois déjà qui pensez que quelqu’un se perde dans les abîmes de lalangue. Ah, peut-être vaut-il mieux réfléchir deux fois avant de se prononcer.
Tout cela s’est avéré le 11 février à Bruxelles, lors du démarrage de Brussel Slam, dans une petite salle au premier étage du café Monk. Ils étaient venu de Liège, de Gent, de Leuven et de la périphérie de Bruxelles. Nous avons entendu des poèmes en néerlandais, en français, en une langue qui parfois ressemblait à l’anglais. Nous avons même identifié du portugais. Et jeunes tous étaient jeunes si jeunes que ceux qui comptent plus d’années que la moyenne , du coup ont subi une cure de rajeunissement.

Bien que le titre – Brussel Slam – aurait tendance à faire tourner les nez dans le sens d’un concours, eh bien non. Les organisateurs n’ont d’autre ambition que de donner un podium sans micro à deux invités, qui disposent de dix minutes chacun, pour ensuite ouvrir le podium, toujours sans micro, aux poètes venus de tous les vents, leur donnant le droit de parler pendant trois minutes. Une minuterie sonne durement. Après la pause, les invités reviennent pendant encore cinq minutes chacun.

Et il s’est avéré que ça marche, oui, ça marche, yes we can, etc. Et il s’est avéré que la poésie ne se cache pas dans une langue ou dans un dialecte mais se trouve dans lalangue pour s’exprimer en en sortant.

lundi, février 09, 2009

Drôle de cocon

Le ton a beau être
superflu super doux supérieur,
il tient le coup d’oreille sans la casser.

Il a l’air drôle et fait bouger,
entrer dans ma cuisine puis fondre
une boule de neige.

Il fait même arrêter la caravane,
les chiens n’aboyant plus.

Son sillon est fort démodé,
malgré son rythme
éternel et contemporain:

quand je t’entends monter
l’escalier ou encore que je t’y vois,
te poussant parfois
par la fesse à chanter,
c’est vrai et tous les jours

nous savons qu’il y a si peu
que nous savons
nous avons beau
nous nettoyer l’oreille.

jeudi, février 05, 2009

Vlaardingen





Deux hommes ont quitté, un jour, ce lieu situé dans la banlieue de Rotterdam. L’un était mon père, l’autre s’appelle Willem De Kooning. Ce dernier avait simplement envie d’aller voir ailleurs, il s’était caché dans un bateau, est arrivé aux États-Unis et y est devenu un peintre autodidacte.

Mon père, ayant perdu son père pendant la guerre, ne pouvait continuer ses études et voulait justement prendre le bateau. Comme l’autre, oui. Mais le port de Rotterdam ne connaissait aucune activité à la fin de la guerre. Allons voir ailleurs, pensait-il, il y a bien encore d’autres ports. Et il descendait vers le sud, passait la frontière belge, la nuit, ni vu ni connu et essayait à Antwerpen. Mais là, le port ne connaissait aucune activité à la fin de la guerre. Il y a vendu alors des journaux dans la rue, notamment au Meir.

Il vendait tellement bien, qu’il suscitait la curiosité d’un journaliste d’un des deux canards. Et voilà que ce dernier cherchait mon père, le trouvait fort et intéressant, l’a invité à assister à la fondation d’un mouvement ouvrier au Sportpaleis.

C’était le début de son histoire. Quelque temps après, il a rencontré la fille d’un Français, marié à une Belge. Elle est devenue sa femme, ensuite ma mère.
Mon père a réussi une carrière de technicien d’appareils électroménagers, pour ensuite devenir vendeur de ces produits et puis, pour vendre le meilleur de la Belgique : les chocolats. Tout cela en autodidacte.

Il est mort le 25 janvier 2009 à l’âge de 81 ans.

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