mardi, novembre 14, 2006

Lettre à un jeune écrivain

Un jour, plutôt rare, Philippe m'invita moi et ma femme, à prendre le dîner chez lui. J'acceptai, bien que ma femme se réserva. Je m'y trouvais en compagnie d'un individu plutôt sinistre, qui n'arrêtait pas d'intervenir dans le dialogue que Philippe voulait avec moi à propos d'affaires qui nous tiennent au cœur. Il était tellement désagréable, que les affaires n'ont pas été discutées à fond. Après, il a essayé de me poursuivre. L'ayant court-circuité, il me jura de garder distance. Ce qu'il ne fit pas. En voici le résultat:

Médiocrité
L'intitulé du présent document est né de ta bouche, étant donné que tu laisses tomber ce terme une fois par paragraphe. Aurais-tu un problème qui s'intitule tel quel?
Serais-tu médiocre et essayes-tu de te cacher? Voyons. Comme la plupart des membres de ton peuple, ta prose fiction ne s'écrit pas mais se joue, en toute médiocrité oui, dans les relations humaines. L'exemple le plus frappant ce samedi, était la façon dont tu as nié le fait que j'ai lancé Philippe dans la littérature. Pourquoi nier les faits? Parce que tu leur imposes ta fiction. Mais si tu avais le courage d'être écrivain, de prendre ta fiction comme fiction et de la transformer en livre? Ton problème médiocre n'existerait plus. De plus, cela ne change rien au fait que j'ai lancé Philippe en littérature.
Je t'ai demandé si tu connais Tahar Ben Jalloun. Bien sûr, tu m'as répondu. Il est mon maître et le traître de mon père. Tu ne connais pas Tahar Ben Jalloun. Le reconnaître en tant que ton maître et ensuite le réduire à celui qui a critiqué ton père, pour autant que Ben Jalloun ait connu ton père, est une fiction hors logique, si ce n'est que tu donnes une certaine importance à Ben Jalloun. Un candidat au prix Nobel, n'est-ce pas?
Si vraiment Ben Jalloun était ton maître, tu n'aurais pas besoin de fabuler (comme dans le cas de Bert P., avec qui tu n'as rien à voir et avec qui, probablement, tu n'as même pas parlé de moi dans les termes que tu m'as cités. Si Ben Jalloun était ton maître, Bert P. deviendrait un personnage d'un roman que tu écrirais. Mais ton peuple, contrairement à Ben Jalloun et ces jeunes auteurs hollandais, n'a pas le courage d'effectuer sa fiction en tant que fiction. Par peur? Par médiocrité? Je ne le sais pas et cela est loin de moi. À toi de donner la réponse et, si tu dépasses ce stade, d'en faire une belle œuvre. Hélas, ici pas de médiocrité: tu le fais ou tu te tais. Et puis, pourquoi y a-t-il si peu de poètes issus de ton peuple? Pourquoi y a-t-il tant de vaudeville dans vos théâtres? Et inutile de nier que tu as dit que Ben Jalloun est ton maître.

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