vendredi, avril 30, 2010

Branchez, dansez

1. Quelle vie, quelle plage.
Je nage. En sortant
de la mer, j’ai failli
trébucher. Quel caillou.

Joli petit qui m’a eu,
tu m’as eu.

Je m’arrête,
tu m’arrêtes et
je te vois bien.

Longtemps après,
je te ramasse et te fais danser
– tu cries – sur les vagues.


2. Quelle vie, quelle plage.
Tu nages. En sortant
de la mer, tu as failli
trébucher.

Sur moi, caillou.
Je t’ai eu,
tu m’as pris.

Tu t’es arrêté,
je t’avais arrêté
et tu m’as bien regardé.

Longtemps. Après,
tu m’as ramassé et m’as fait danser
–j’ai crié – sur les vagues.


3. Je suis une pomme
au cœur du verger
branchée à l’arbre.

Mon arbre.

J’ai beau verdir,
je ne suis pas poire.
Bientôt je rougirai.

Grâce à mon arbre,
tant que j’y reste branchée.


4. Une porte de chambre d’hôtel,
je suis la vôtre,
demain d’un autre.

Je vous éloigne,
pas de quoi vous rapprocher.

Je porte mon numéro,
une fois 512,
une fois 307.

Il ne faut pas compter les moutons,
le loup les a déchirés.

Dansez avec les loups.

dimanche, avril 18, 2010

Le livre que j’aurai voulu écrire moi-même

Il s’agit du roman “Danse, danse, danse” de l’écrivain japonais Haruki Murakami. Le titre original est “Dansu, dansu, dansu”.

Un homme qui réussit tout dans sa profession, creuse sa vie. Dans ses rêves, il entend un appel. Il y répond, enfin. Il lui a fallu beaucoup de temps et de détours. Puis, il y arrive, à l’hôtel Dauphin, où il rencontre l’homme-mouton.
Moi, j’ai rencontré la femme-loup.

Heureux le malheureux qui, un jour, rencontre son esprit.

J’ai connu cette indifférence envers le monde moderne, voire postmoderne. Du moment où ça marche, jusqu’à ce que plus rien ne marche.

vendredi, avril 16, 2010

et encore?

A peine avais-je terminé d’écrire les huit béotitudes, que mon apparition en image fut sollicitée. Par un photographe professionnel et par une photographe amateur.

Faut-il conclure à tout prix? Non, il suffit de sourire.

samedi, avril 03, 2010

Huit béotitudes

Pour Woody Allen

1. À la fin ne reste plus qu’image,
captivée à la télé triste,
captée par la rétine.

La télé à écran tout plat
nous porte le triste message.

Quelqu’un tombe raide mort? Caméra !
Quelqu’un en tue un autre? Caméra !
Monsieur, Madame un tel une telle
connus des média, pète? Micro !

Omniprésente la télé diffuse
partout sa tristesse en voie
d’éternité qui fait rire Léonard.


2. Sous la triste télé prospère
dans son plus grand secret
le Mossad et sous celui-ci,
plus encore au fond, la maffia.

Tant de choses et de gens passent
par la triste télé,
le pape et Osama Bin Laden,
l’un à tiare et au geste,
l’autre à la barbe et au turban et
à chaque coup, tout juste

en retrait de ceux-ci,
on voit ce béo, ce type,
qui sourit et vous jette un clin d’œil.

Mais qui est-ce donc ?

3. Entre les plis de l’entretien,
entre les jointures de lalangue et
entre les clés de voûte de lalanque,
derrière de lourdes tentures enfin,
Léonard Béoti parla et dit :

de Mérode ne compte pas d’un doigt,
ses cheveux n’étant pas roux assez,
de Ligne n’était pas en ligne
des ancêtres ni vieux ni pieux
ni circoncis bien que péteux
ceux d’Orange et de Baarle.

Léon en avait vu tellement,
en retenant si peu,
voire aimant point.


4. Le Béoti rentre

J’ouvre la porte, quelle demeure
si ce n’est la nôtre dont
j’ouvre la porte pour la première fois.

Je n’évite pas la ligne
tracée dans la poussière, quelle callosité,
l’effaçant du coup, du pied.

Quelqu’un ici a vécu
un drame qui sait
hilarant à crever ou
à quitter et à laisser

voire à céder le passage
à cette maison qui, du coup,
est devenue béotique.

5. Quand ça gicle de concert,
nous sommes déconcertés
ou bien concernés, à nous
de choisir.

Quand rien ne gicle
et tout se bouche, nous voilà
déconcertés, sauf si nous

transformons la fureur refoulée
en politiques de masse,
en industrie d’art de masse,
en communication de masse.

La béotitude ne gicle pas,
elle n’est pas évidente.



6. Aux prises entre l’épée et le calice, la fusion
mène à la confusion suprême,
au réchauffement supérieur.

Dans la réduction de l’accélération,
se trouve la démultiplication
vers une couche inférieure
de notre destination à nous tous.

Léonard sait tout cela,
agit en conséquence de sorte
que nous tous perdons moins la face,
en faisant un pas en arrière
en nous trouvant à côté de lui.

À l’abri la prise devient une brise.


7. Expert en fusion nucléaire, lui, Béo,
faisant fusionner ses propres atomes d’abord
avec ceux d’un autre,

jusqu’à ce qu’une image.

Une seule image, lui, Béo ou pas,
apparaît puis disparaît.

Hors image.

Toutes les molécules
n’arrêtent pas
de glisser sur la surface

jusqu’à ce que tous les atomes rêvent.


8. Sept le numéro saint, huit
le suprême.
Tourne-le, le voilà à l’infini
retournant les cercles à l’intérieur,
faisant briller de beauté longtemps
après, à l’intérieur.

À ce point, Léonard ne disparaît
plus, ne se dissolue plus,
libre d’aller
ne fût-ce se coucher,
se fixe
et se lève

odalisque

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