vendredi, juillet 20, 2007

vitesse croisière




Le point à gauche se rapproche,
quelques coureurs en maillot zèbre.
Le cœur pompant, ils propulsent
leur vélo. En tête
le coureur en maillot jaune.
Ils tiennent le choc dans cette caravane.

Le point à droite par contre semble
encore loin: pommes de terre à frire
dans une orbite sur terre,
des planteurs ci jusqu'aux consommateurs là.
Les pommes de terre elles aussi,
bien au frais dans cette procession
bouffon bouffante, tiennent le choc.

Encore maintenant les arbres
secouent leur feuille délicate
de malentendu pour une vitesse
si grande avec laquelle
les coureurs et les pommes de terre,
sans mot dire ni échanger,
sans aucun signe – le dope
fait vivre – s'entrecroisent.

jeudi, juillet 19, 2007

j'avoue



Comme les gens veulent maintenir la liberté en rendant ce maintien un objectif, ils se trouvent dans un dilemme à partir duquel ils transgressent, en parole, les limites du cosmos: ils deviennent avares ou bien des fanatiques religieux Ce sophisme purement alcoolique de Kobo Abé dans son livre 'Un autre visage' a déclenché dans mon chef un mécanisme.

1. Il y a des poètes qui savent que parfois les mots font s'éclaircir un brin d'éternité. Ils ont alors le choix entre, d'une part, la mélancolie, la bile noire et ils deviennent alcooliques ou bien ermite (dans l'espoir d'arriver à un aphorisme tel le précité); la probabilité que quoi que ce soit s'éclaircisse se perd. D'autre part, ils peuvent commettre le vol en creusant si loin dans les mots qu'ils arrivent à y extorquer un brin. En tous cas, il est difficile de rester sobre. La griserie, tant de moyens y mènent. Qui volera le plus loin?
J'y réponds par une autre question: combien haut est le Nord, combien profond le Sud? Comment peux-je circuler, aller et retour, sur l'axe Nord-Sud? À coté de cette axe se trouve l'Orient.

2. Je veille à ce que, en écrivant, je ne m'enchevêtre pas. Dans ma vie, je me suis enchevêtré quelques fois, j'ai su me démêler plutôt que de me pendre. Le risque se trouve dans la forme. En la prenant trop stricte – j'espère que demain sera un jour comme aujourd'hui – je me déforme et m'enchevêtre. C'est pourquoi la liberté des formes est vitale.
Au bureau, je porte rarement un costume avec cravate. Un jour, revenant du Luxembourg, je suis apparu en trois pièces avec cravate en soie. Mes collègues m'ont applaudi spontanément. Je ne l'ai fait qu'une autre fois. Non, pas d'uniforme (ité).

La forme variable est plus éloquente que les mots qui la habitent. Une enquête ludique à www.pomgedichten.nl a révélé, entre autres, que je suis plus poète qu'humain. En fait, j'arrive à me dédoubler sans transition. De l'être humain que je suis, mes poèmes reflètent très peu. J'y suis une part d'un ensemble qui me dépasse: un animal dans la nature, une image vague dans un flux d'images, un éclat de lumière dans une zone grise. Rarement j'écris de moi.

De l'homme c'est l'homme qui est homme, appelé à l'humanité, obligé de parler. En outre, pourquoi pas, je suis un cricri grinçant, un arbre dansant et quoi encore. D'ailleurs, mes filles me trouvent quelque part un rocher. Professionnellement j'incarne dans une large mesure la rationalité. Je ne connais qu'un poète aussi dédoublé que moi: Octavio Paz. Peut-être qu'il y en a d'autres, mais je ne les connais pas, c'est de ma faute.

jeudi, juillet 12, 2007

En marche






D'ailleurs ne peut-on pas résoudre tout mystère simplement en marchant? Kobo Abé

La poussière prend feu
tu me vois bien gris
du coup je deviens sable

la bronzesse d'une gonzesse
se statue, du sable au sel
tu vois comme c'est joli

puis vient le vent,
tombe le froid
ah cool tu vois
tous nous nous sommes gelés

nous avons beau crier,
sourire ou encore pleurer,
le sable transformé en verre,
nous sommes transparents

voir aussi ici:

vendredi, juillet 06, 2007

La société automobile se la coule douce



Le bateau coule, je m'enroule
et m'y accroche. Contrôle alt
delete et me voici positionné
bel et bien à la carte.

Bien sûr au titulaire de la carte
il incombe, il me prend
de toute façon. Je gère,

j'ai beau exagérer,
il me faut bien
dans ce naufrage
à marée haute
à flamme rouge.

Il a beau être fort,
ou prendre son virage
à une vitesse incroyable,
le cycliste solitaire
perd les pédales.

lundi, juillet 02, 2007

Histoire copiée



Comment dormir debout,
surtout rêver, si personne
n'est là pour nous raconter
quoi que ce soit? La photocopieuse.

En position toujours debout,
nous voici qui l'écoutons,
d'une mécanique sûre,
et rêvons le jour.

Rien d'autre
ne se passe plus
que les photos,
dont copie en annexe,
dans notre tête.

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